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ANNONCER LA MORT DE JESUS OU MIEUX SE CONVERTIR A LA NON VIOLENCE, ET DU SACRIFICE A L'OFFRANDE

St Paul nous dit que quand nous mangeons et surtout buvons au calice du Christ, nous annonçons sa mort jusqu'à ce qu'il vienne. Le fait que Jésus mange avec les marginalisés et les pécheurs de son temps démasque une violence contenue même au sein des dynamiques religieuses, et cela catalysera sur lui la violence au point qu'il prendra sur lui la responsabilité de donner sa vie afin que tous vivent.

Que peut bien vouloir dire annoncer la mort de Jésus comme accomplissement du commandement de faire cela en mémoire de lui ? Il s'agit de lire dans le sacrifice de Jésus le couronnement de sa lutte à la 3° tentation. Vivre de telle façon que sa mort puisse être un accomplissement des promesses de Dieu, une annonce et un don pour que la vie fleurisse. Or le tentateur lui demandait de consigner le monde au mal, et donc à la corruption pour une mort certaine, par une utilisation erronée du pouvoir et de la domination des autres. Le diable lui montre combien il serait avantageux de se mettre de son coté et de l'accueillir comme objet d'adoration pour résoudre le problème du pouvoir, de la richesse et du consensus. C’est pratiquement la recherche de la garantie de posséder l'amour des autres : tu veux commander, être importante et compter plus que les autres ? Je connais la route : vends-toi ! Entre dans les luttes de pouvoir et d'influence.  Le mal porte ici à l'ambiguïté de laisser des portes ouvertes, des voies de fuite pour les situations dans lesquelles la fidélité est très exigeante.

Au fond le diable demande à Jésus de sacrifier sa liberté, pour continuer à maintenir sur pied un règne de mal et de violence qui lui assure la domination sur le monde. Il devra l'adorer en vue de posséder le monde. Il lui demande au fond un acte violent. Il est prêt à le sacrifier pour continuer à dominer le monde. Et c'est une logique qui est contenue dans notre société, dans nos Eglises ou nous sacrifions les laics pour maintenir les structures de pouvoir de l’Eglise ; dans nos communautés à tous les niveaux, quand les supérieurs ne te donnent pas les éléments nécessaires pour assumer les décisions qu’ils prennent sur toi, mais te demandent juste d’obeir aveuglement. Même dans les dynamiques les plus simples de la vie quotidienne.

Quand on pense : "tu dois te sacrifier pour… » ; tu dois faire ceci ou cela en vue de…". On fait de l’autre un moyen et non plus une fin parfois. Combien de fois est ce qu'on sacrifie les personnes pour sauvegarder les structures et certains systèmes ? En vue du bon fonctionnement du système on sacrifie souvent beaucoup de personnes, sans les aider à assumer le choix d’offrir eux même en offrande.

Annoncer la mort de Jésus à ce point veut donc dire faire mémoire dans le sens d'être nous-mêmes le mémorial de comment il meurt. En mangeant continuellement avec les sacrifiés de son temps, ceux qui devaient souffrir pour que les autres se sentent en bonne conscience ; ceux qui devaient porter le poids des malheurs d'Israël, Jésus qui se dit fils de Dieu affirme que Dieu n'a pas besoin qu'on sacrifie d'autres pour lui. Et ceci attirera sur lui la violence. Il démasque ainsi la faim insatiable de chaque système d'avoir quelqu'un/e à inculper, d'avoir un bouc émissaire à sacrifier pour canaliser sa violence et assouvir sa soif de sacrifier quelqu'un. Faire mémoire c'est donc assumer sur nous de démasquer la violence présente dans nos communautés à tous les niveaux et basée sur les sacrifices faits "en vue de---"

Pour le faire Jésus arrache sa propre vie des mains de ceux qui le condamnent pour la consigner lui-même comme "corps donné et sang versé pour vous". Il le fait en libérant même le peuple qui le crucifiera de toute faute. Il prend la trahison des mains de ses ennemis (cf. Judas) et la transforme en don pour tous (on peut se demander pourquoi il n'arrête pas Judas). Et il révèle l'innocence du peuple. Annoncer la mort de Jésus en étant mémorial, c'est redécouvrir le sens de notre consécration comme don total de notre vie. C’est aider les autres à se découvrir innocents, dignes de l'amour de Dieu, et non pas comme personnes à sacrifier pour mener les batailles contre certaines idéologies et contre ceux qui ne pensent pas comme nous. Annoncer la mort de Jésus c’est donc rompre tout cycle de violence, exprimée parfois par l’ « être contre… ». Parce que être contre, c'est ouvrir la porte à la violence. Mais être en faveur, c'est choisir de soutenir un bien et offrir à l'humanité la possibilité de consigner le monde à celui qui le lui a donné à la création.