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Les deux commandements d'amour : 
jamais l'un sans l'autre

1. Introduction

Jésus est continuellement harcelé par ses ennemis, qui veulent détruire sa réputation. Le dimanche passé, nous avions vu les pharisiens et les hérodiens, deux sectes opposées, se mettre d’accord pour tendre un piège à Jésus au sujet de l’impôt qu’il convient ou non de verser à César. Aujourd’hui, les pharisiens pourtant ennemis des saducéens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux  saducéens (gens qui nient la résurrection des morts,) ils tiennent un conseil et dépêchent l’un des leurs, un docteur de la Loi, pour embarrasser Jésus. Voici le piège tendu à Jésus : « Quel est le grand commandement ?» Ils savent d’avance que Jésus connaît la Loi par cœur et qu’il va répondre par un extrait du livre de Deutéronome : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » (Dt 6, 5). Ils tireront alors la conclusion suivante : « Si l’amour de Dieu est le premier et le grand commandement, donc tous les autres commandements sont seconds et par conséquent moins importants ».

2. Explication

Le piège est évident. Jésus ne s’y laisse pas prendre. Après avoir dit que le premier et grand commandement est l’amour divin, il s’empresse à ajouter le deuxième commandement aussi important que le premier, tiré du livre de Lévitique : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Lv 19, 18). Tout ce qu’il y a dans l’Écriture, dans la Loi et les Prophètes, dépend de ces deux commandements ». Jésus place les deux commandements à la même hauteur parce que tous les dix commandements concernent la relation envers Dieu et envers le prochain. De ce fait, le prochain, tout être humain, si blessé et défiguré soit-il, riche ou pauvre, blanc ou noir est un reflet de Dieu lui-même. Tous, nous sommes créés à l’image et ressemblance de Dieu. Aimer le prochain, c'est-à-dire tout être humain, c’est aimer Dieu lui-même. Ne pas aimer l’homme, c’est refuser d’aimer Dieu qui l’a créé. Dieu ajoute : « Ce que vous aurez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’aurez fait » (Mt 25, 40). Dieu nous a faits par amour, pour cela, nous sommes appelés à être des imitateurs de Dieu : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48). L’un des aspects de la perfection divine c’est justement l’amour de tout être, qui qu’il soit, où qu’il soit, en quelque situation qu’il se trouve. Pour Dieu, ne plus aimer ou ne pas aimer signifie ne plus être Dieu parce qu’il ne l’est qu’en tant qu’aimant d’un amour universel. Donc, l’amour dû au prochain est inséparable de l’amour dû à Dieu.

Il nous faut trouver l’équilibre. Certains disent aujourd’hui que le culte rendu à Dieu est primordial et que le fait d’abandonner ce dernier ou de le négliger, c’est s’éloigner de Dieu. L’affirmation est juste mais incomplète. D’autres se plaisent à accentuer l’importance de  l’amour du prochain parce qu’il est le signe obligé de l’amour que nous portons à Dieu. « Qui dit aimer Dieu et n’aime pas son frère, est un menteur » (1Jn 4,20). Mais si on se sert de cet argument pour motiver son absence à la messe le dimanche, rien ne va plus. L’œuvre du diable c’est de tenter de nous persuader que nous pouvons nous en foutre des hommes et soigner notre relation avec Dieu ou que les bonnes œuvres que nous faisons aux prochains remplacent le culte que nous devons rendre à Dieu. Sachons-le une fois pour toutes ; l’amour de Dieu et l’amour du prochain ne font qu’un. Négliger l’un c’est négliger aussi l’autre mais respecter l’un sans l’autre c’est ne rien faire du tout. Jamais l’un sans l’autre. Nous n’avons donc pas à choisir entre les deux, nous devons opter pour l’un et l’autre afin de pouvoir vivre les deux. L’amour de Dieu vécu dans le culte, c’est l’amour de Dieu vécu dans le service rendu au prochain. Ces deux façons d’aimer ne s’excluent pas et ne se concurrencent pas ; elles s’appellent l’une l’autre.

3. Conclusion

Cher frères et sœurs, qui veut manifester à l’Église l’amour vrai qu’il porte à Dieu se verra dire : « Va maintenant aimer tes frères ». Par contre, qui perçoit le visage de Dieu derrière le visage de son frère qu’il aime, se verra aussi dire : « Viens te reposer près de moi pour mieux aimer encore celui qui est ton frère ou ta sœur ». C’est ce « va-et-vient » entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain qu’il nous est demandé de vivre aujourd’hui. Loué soit Jésus-Christ.