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Nous commençons le temps ordinaire. C’est un temps de l’Église. S’il est ordinaire, c’est avant tout parce qu’il se coule dans le quotidien de notre existence. Après le temps hors du commun (Avent, Noël, …), l’Église entre aujourd’hui dans un temps où la liturgie nous propose des semaines durant, de rencontrer Jésus dans sa vie adulte. Ce Jésus qui nous dit : « Toi, suis-moi ! »

1. Que ça soit dans la 1ère lecture ou l’Évangile, nous avons entendu l’appel de l’enfant Samuel (1S 3,3) ou des trois apôtres choisis : Jean, André et Pierre. Pour Samuel comme pour les apôtres, l’initiative de la rencontre ne vient pas d’eux mais d’un autre. Qu’il s’agisse de Samuel ou des apôtres, ils sont invités par quelqu’un qu’ils n’avaient pas prévu rencontrer. Donc, le propre de la foi c’est de nous rappeler que, nous ne sommes jamais chrétiens par nous-mêmes. Chacun d’entre nous a eu besoin d’une tierce personne. Ce n’est pas nous qui cherchons Dieu, c’est Lui qui est au-devant de l’homme. Pour Le rencontrer, nous avons besoin de l’appui d’une autre personne. Samuel trouve Dieu par Eli, Simon trouve Jésus par André et André trouve Jésus par Jean. De ce fait, Suivre Dieu c’est refuser un passé qui n’a rien apporté de solide, s’ouvrir à une nouveauté qui nous transformera, se mettre en route vers l’inconnu qui deviendra connaissance et demeurer avec Lui. Donc, c’est en demeurant avec Lui que s’opère la conversion des cœurs.

2. Quel est ce Christ que chaque homme est appelé à suivre ? Dans l’Évangile, Jean le désigne comme l’Agneau de Dieu. En effet, dans la tradition biblique, l’agneau est un animal de sacrifice. D’après la Loi de Moïse, à paques chaque famille juive devait immoler l’agneau pour sa bonne relation avec Dieu. Cette immolation était la marque du souvenir actualisé de la libération que le Seigneur avait jadis opérée en faveur du peuple d’Israël. En désignant Jésus comme l’Agneau de Dieu, Jean reconnaît que Jésus sera immolé au terme de sa vie, sacrifiant pour ainsi dire, sa propre vie pour le bien de siens, par amour pour l’humanité, pour enlever le péché du monde. Le prophète Isaïe avait déjà parlé de « l’agneau conduit à l’abattoir et qui n’ouvre pas la bouche » (Is 53, 7). Pour nous chrétiens, accepter de suivre le Christ, c’est nous engager à endurer la souffrance que ce parcours comporte : les injures, les outrages, la torture, … au nom de la vérité.

3. Ayant entendu les paroles de Jean sur Jésus, les disciples se mettent à suivre le Christ sans le connaître encore. Jésus se retourne et leur demande : « Que cherchez-vous ? ». Suivre le Christ, c’est déjà le voir de dos ; l’homme de lui-même ne peut pas voir Dieu de face, il faut que Dieu se retourna, qu’il se dévoile, qu’il décide de se montrer à celui qui le suit ; pour que celui-ci puisse réellement le voir. « Que cherchez-vous » est la 1ère prise de parole de Jésus dans l’Évangile de Jean. Cette demande est adressée aujourd’hui aux hommes de toutes les nations. Jésus te demande « quel est le sens Véritable de ta vie ? », « Qui est le Christ pour toi ? » La première parole de Jésus à ceux qui deviendront ses disciples n’est pas « une invitation » mais « une question ». Comment de nous savent exactement ce qu’ils cherchent dans ce monde ? Parfois nous vivons comme des chauves-souris, sans savoir ce que nous voulons et ce que nous cherchons.

4. Quand André amène à Jésus son frère Simon ; Jésus change son nom : « désormais tu t’appelleras Cephas ». Dans la tradition biblique, changer le nom de quelqu’un, c’est changer son être, son statut. C’est lui donner un nouveau destin, c’est comme une régénérescence sous un mode nouveau. En acceptant de S’appeler Pierre (Cephas), Simon accepte d’emboiter les pas du Christ qui s’appelle lui-même « la pierre angulaire » ou la clef de voûte. La qualité première de la pierre est son endurance, sa dureté, sa capacité de résister contre intempéries. La pierre a un rôle irremplaçable de protection (un rempart des pierres s’écroule difficilement), la pierre soutient l’édifice en portant son poids.

Tout chrétien est une pierre vivante. C’est pourquoi la 2e lecture nous rappelait que nous sommes des temples de l’Esprit Saint, nos corps sont sacrés. Cette lecture nous invite à fuir la débauche dont le propre est de banaliser le corps créé à l’image de Dieu, le réduire à un objet de plaisir. Le Seigneur nous demande de nous interroger sur le sens profond de notre vie, sur l’origine de notre foi sans cesse à renouveler ; la foi naît d’une recherche et d’une demande du Seigneur lui-même. Il nous faut rencontrer Dieu personnellement, être à son écoute, grandir en sa présence et lui rendre gloire par notre corps considéré comme son temple c’est à dire, « ensemble des Cephas ». Dieu que le chrétien atteint dans la foi est un Dieu vivant et personnel qui se révèle et qui appelle par l’intermédiaire du Christ. C’est ainsi que Dieu entre en dialogue avec chacun de nous.

Barthélemy Minani sx.