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Nous vivons dans un monde plein de contradiction. Alors que les médias ne cessent d’exalter l’image de l’être humain maitrisant son destin, grâce ses inventions ; au même moment les peurs de toutes sortes nous envahissent ; du village le plus reculé à la cité ultramoderne. Ici, c’est le fantôme de l’immigré qui vient déranger son paisible quotidien. C’est aussi l’inquiétude de ne pas avoir le dernier téléphone, tablette, Ordinateur, l’habit à la mode… Et là, c’est la peur des démons, du sorcier, du mauvais sort… 

À ces peurs imaginées, il y a aussi les peurs réelles : l’inquiétude de ne pas trouver à manger ou payer les frais scolaires de ses enfants, de ne pouvoir se soigner, de perdre son emploi, d’être déçu par un ami, d’être mal aimé, de ne trouver aucun sens pour sa vie…autant de vraies peurs pour lesquelles  la parole de l’Évangile de ce dimanche  est une vraie bonne nouvelle.

« Pourquoi avoir peur ? » (Mc 4, 40) dit Jésus à ses disciples terrifiés par la vague, le vent contraire. Lui le Maître de la vie est dans la barque secouée. Il semble endormi et éloigné de cette situation de détresse qui accable ses disciples. Mais il est là présent et victorieux, toujours disposé à faire taire la vague. Cette vague est certes vraie. Elle afflige. Elle crée la détresse comme chez les disciples. Mais elle n’est rien par rapport à la mort que Jésus a subie et vaincue, à cause de son amour pour nous tous. 

Saint Paul, l’ancien homme enfermé dans la haine religieuse et désormais libéré rappelle avec courage : « Le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux » (2Co 5, 15). Là, c’est l’amour qui nous saisit. C’est l’amour auquel nous avons dit oui au baptême. C’est l’amour que nous recevons dans l’Eucharistie : le don du corps et du sang du Christ. C’est l’amour miséricordieux que nous recevons dans le sacrement du pardon, la confession.

C’est donc à nous que Jésus reproche notre manque de foi. Face à son amour qui libère de toute peur, soyons alors « stupéfiés », « émerveillés ». Et disons-lui, aie pitié de nous Seigneur hommes et femmes de peu de foi. Fais grandir notre foi, notre confiance en toi. Libère-nous de nos peurs connues et inconnues. Engage-nous à offrir une parole et un geste qui donnent espoir et confiance aux frères et sœurs captifs de la peur et dont la vie est secouée.

L’Évangile est toujours une invitation à la conversion. Nos peurs et celles des autres ne sont jamais dues au hasard de la nature. Derrière un cours brisé et désespéré, il y a toujours un geste inhumain, une offense, un égoïsme. Peut-être le tien. Peut-être le mien. Ceux qui sont plongés dans la peur du lendemain par manque de nourriture, de longuement, d’emploi…ne le sont pas car des mécanismes naturels inconnus  l’ont voulu. Leurs peurs sont de conséquences des égoïsmes humains, de la « globalisation de l’indifférence » dont ne cesse de parler notre pape Français. La barque de la vie du voisin prend de l’eau car je ne sais pas m’approcher de lui et lui tendre une main charitable. 

Alors que nous demandons au Seigneur de nous rendre sensibles aux détresses des autres, prions qu’il nous rende aussi généreux. Aide-nous Seigneur à raviver notre espérance en toi et à en vivre. Aide-nous à chanter par des mots et des gestes ce beau refrain : 

« Si l’espérance t’a fait marcher plus loin que ta peur, tu auras les yeux levés ; alors tu pourras tenir jusqu’au soleil levant de Dieu. Si la faiblesse t’a fait tomber au bord du chemin, tu sauras ouvrir tes bras ; alors tu pourras danser au rythme du pardon ». Amen