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Rejoindre les saints dans le concret de leur vie

Tous les membres d’une même famille présentent naturellement des similitudes physiques. Ils portent dans les traits du visage des caractéristiques communes plus ou moins prononcées qui font reconnaître en eux : Paul, Marcel, Antoine, …) Les personnes qui partagent toute une vie ensemble finissent par se ressembler, tout en restant différents, ils se forgent un trait de ressemblance, sinon ils se seraient séparées depuis longtemps. Dans les couples très unis, la tendresse et le temps créent des affinités telles que les visages eux-mêmes sont empreints des mêmes expressions.

Cette fête annuelle de tous les saints rassemblent les innombrables visages de ces hommes et de ces femmes qui portent tous en eux l’image et la ressemblance de Dieu (Jn 1, 26-27). D’époques et de lieux si divers, de cultures et de races différentes, ils se ressemblent. Leur communion avec le Christ a gravé en eux son visage dont ils sont le reflet fidèle. Regardons-les aujourd’hui ! Reconnaissons en eux le visage du Seigneur.

Nous connaissons mal les saints, même les grands saints qui habitent notre calendrier et ceux qui ont marqué notre histoire sur les gravures et les tableaux, ils sont imaginés voire défigurés, idéalisés. Il faudrait les rejoindre dans le concret de leur vie. Soyons clairs : de leur vivant, ils ne se prenaient pas pour les saints, loin de là. Ils s’estimaient plutôt imparfaits. Ils se considéraient comme des pauvres pécheurs (cf. Sainte Élisabeth de Lourdes). Plus ils se sont rapprochés de la lumière de Dieu, plus ils ont vu et reconnu les ombres de leur existence. Ils n’ont pas forcément fait des exploits ni accompli des prodiges. Certes, quelques-uns ont à leur actif des réalisations extraordinaires, au plan humanitaire, au plan spirituel, ou encore dans l’histoire de l’Église : tels Jean Bosco, Thérèse d’Avila, Ignace de Loyola, Jean XXIII, Jean-Paul II, mais d’autres, probablement la majorité, ont simplement vécu leur quotidien de travail et de famille. Seul leur amour et leur générosité étaient remarquables. Ils ont vécu l’ordinaire de manière extraordinaire ! On canonise très peu ces gens de quotidien !

Contrairement à ce que nous montrent les images dites pieuses et certains récits enjolivés de vies de saints, ils n’ont pas été parfaits, ni du 1e coup ni totalement ni surtout sans effort. Ils avaient des défauts, des faiblesses, contre lesquels ils ont dû se battre toute leur vie. Certains comme Saint Augustin, sont revenus de très loin, transfiguré par l’amour de Dieu qu’ils ont accueilli dans leur existence tourmentée. On retrouve en chacun des saints et des saintes un même profil. On pourrait en  quelque sorte faire leur portrait-robot commun. À force de fréquenter le Christ, ils se sont laissé modeler à ses traits.

  • Ils ont vécu de foi. Ils étaient croyants, pas d’une croyance peureuse et superstitieuse, mais d’une croyance totale dans le Seigneur présent dans leur vie. Ils ont prié chacun à sa façon. Leur prière était communion et abandon entre les mains du Père. De ce fait, ils nous interrogent sur la qualité de notre foi aujourd’hui. N’est-ce pas que parfois nous professons une foi de façade sans impact sur notre vie réelle ?
  • On parle de l’humilité des saints. Il serait mieux de dire, leur vérité d’être. Se considérant pécheurs, ils se savaient surtout aimés et pardonnés. Ainsi Saint et Saint François d’Assise. Ô combien ils sont une leçon pour nous si souvent empressés  à nous justifier, et si peu  enclins à reconnaître nos erreurs et nos péchés au risque de ne pas accueillir en nous la grâce de Dieu. Sans cette lucidité, sans cette vérité de vie sur nous-mêmes, sans cette ouverture au pardon, il n’est pas possible de se convertir et de progresser
  • Les saints ont dû vivre contre-courant des idées reçues et des comportements de leur temps. Vivre les béatitudes ne va pas de soi, être pauvre de cœur dans un monde qui glorifie le pouvoir et l’avoir, être doux dans un monde dur et violent ; avoir le cœur pur au milieu du magouillage et de multiples idoles (corruption, mensonges) ; faire la paix quand d’autres exaltent la guerre, etc. Les saints ont été des gens en marche, c’est à dire des gens actifs mobilisés pour l’Évangile. Les saints ont été des hommes et des femmes courageux, capables de réagir et d’affirmer coûte que coûte ce qui les faisait vivre.

Aujourd’hui nous sommes souvent tentés de penser et de faire comme tout le monde. Ayons le courage, en vérité et en charité, de faire entendre notre différence évangélique sur les questions d’actualités comme le problème du mariage, le problème éthiques et le respect de la vie. Un chrétien a pour vocation d’être un homme ou une femme livre. Il doit vivre dans la vérité pour l’être (la vérité vous libérera Jn 8, 32).

  • Enfin, être témoin de la tendresse de Dieu, c’est la qualité majeure des saints. Leur amour de Dieu les a rendus plus donnés aux autres. Ils ont su comprendre, ne pas juger, ne pas condamner. En lutte contre le mal, ils étaient proches des malheureux, comme le curé d’Ars. Aux yeux des saints, le pécheur est encore plus victime que coupable. Ceux qui ont fréquenté les saints, ceux qui les fréquentent aujourd’hui, disent qu’auprès d’eux, on se sent devenir meilleur. Leur regard transfigure. Leur joie est leur plus beau témoignage. Leur bonheur est contagieux.

Nous ne devrions pas parler des saints au passé. Ils existent incognito parfois, au milieu de nous. Et l’Évangile a commencé de nous transformer, si l’amour du Seigneur et de nos frères a réussi à nous faire vivre autrement, si nous croyons d’accueillir le don gratuit de Dieu avec joie, nous faisons partie de la grande famille des saints de tous les temps.