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Les lectures bibliques de ce 15e dimanche parlent d’appel et d’envoi. Le prophète Amos est chassé de Bethel où pullulent de nombreux prophètes, au service du roi, ces prophètes dont le message ne dérange pas les gouvernants. Amos profite pour leur dire qu’il ne s’est pas instauré messager de Dieu. Il n’a fait que répondre à un appel de Dieu: « je n’étais pas prophète ni fils de prophète…Le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : va, tu seras prophète pour mon peuple Israël » (Am 7, 14 - 15).

Les vrais prophètes sont ceux - là qui ont la conscience d’être appelés et cela sans mérite de leur part. Les faux prophètes, par contre, sont ceux - là qui s’autoproclament « prophètes ». Pour eux, la prédication de la Parole est une fonction pour gagner sa vie. Ils sont nombreux de nos jours. Il suffit de faire le tour dans une ville comme Kinshasa pour s’apercevoir des affiches qui louent les exploits et les miracles de plusieurs « prophètes ». Amos nous dit aujourd’hui : simplicité, humilité, pauvreté, dénouement…sont des marques des vrais envoyés de Dieu. Les envoyés du Seigneur sont choisis par le Seigneur lui - même dans sa bienveillance à la louange de sa grâce, chante l’apôtre Paul, dans la lettre aux Éphésiens que nous écoutons ce dimanche.

Dans l’Évangile, nous rencontrons Jésus appelant et envoyant les Douze, deux par deux. Il leur donne pourvoir sur les esprits mauvais, le pouvoir de guérison. Ils envoient annoncer la Bonne Nouvelle et l’appel à la conversion. Mais tout cela, ils doivent le faire dans la simplicité et le dénouement. Jésus invite ses disciples se désencombrer. Il ne veut pas que la force des moyens matériels fasse ombre au message simple, joyeux et libérateur dont ses envoyés sont porteurs. La tentation pour les envoyés du Christ d’hier et d’aujourd’hui est de croire que les méthodes de prédication plus raffinées et modernisés ; la force matérielle sont la garantie du succès de l’annonce de l’Évangile. Jésus nous dit ce dimanche : non. Il nous prévient que le succès de l’annonce de son Évangile réside dans la simplicité et la confiance en la force de l’Esprit de Dieu à l’œuvre dans la vie de gens simples et pécheurs qui ont la conscience de n’être que des simples « envoyés ».

Oui, c’est le langage de la simplicité et de l’humilité qui convient pour annoncer l’Évangile. Car l’Évangile lui-même est simple. Il est un message d’amour de Dieu pour l’humanité, manifesté en Jésus. Et cet amour est simple. En effet, tout disciple du Christ est capable d’aimer, de soigner et guérir par un geste ou une parole qui encourage et redonne espoir. Mais parce qu’il parle de l’amour, l’Évangile est aussi compliqué, voir très compliqué. Nous savons que par amour pour nous, le Christ a donné sa vie. Pour dire que l’annonce de l’Évangile, avec simplicité, n’exclut pas la disposition à aimer jusqu’au bout, à donner sa vie. 

Nous avons des exemples de ces gens qui ont aimé simplement, jusqu’au sacrifice de leur vie ; comme le Bienheureux Oscar Romero et Mzee Munzihirwa. Il y a d’autres personnes qui annoncent simplement l’Évangile par une vie totalement dévouée pour les autres : tous ces parent qui se dédient complètement pour nourrir et éduquer leurs enfants, les nombreux volontaires qui viennent en  aide aux victimes des injustices de notre monde, les catéchistes, missionnaires…

Remercions le Seigneur pour les exemples de nombreuses personnes que nous connaissons ou que nous ne connaissons pas qui se dédient à annoncer simplement l’Évangile, par leur vie. Nous qui écoutent sa Parole ce Dimanche et qui communions à son corps et son sang, que l’Esprit du Seigneur fasse grandir en nous l’humilité. Qu’il nous donne aussi le courage d’aller et de prophétiser en son nom, par nos paroles et nos actes simples. Et ainsi nous pouvons exécuter en toute vérité ce refrain : 

« Si le Père vous appelle 

à aimer comme il vous aime 

dans le feu de son Esprit, 

bienheureux êtes - vous !

Si le monde vous appelle 

à lui rendre une espérance, 

à lui dire son salut, 

bienheureux êtes-vous !

Si l’Église vous appelle 

à peiner pour le Royaume 

aux travaux de la moisson, 

bienheureux êtes - vous !

Tressaillez de joie, tressaillez de joie

car vos noms sont inscrits

pour toujours dans les cieux ;

Tressaillez de joie, tressaillez de joie

car vos noms sont inscrits 

dans le cœur de Dieu ! » 

(Cf. Extrait du Missel des Dimanches, Lecture de l’année B, Éd. liturgique collective, Paris, DDB, 1994, p. 405).