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Deuxième Dimanche de Pâques: Une Pentecôte anticipée

C’est au soir de Pâques : Jésus ressuscité et retourné auprès de son Père, se fait présent dans les frères comme signe de paix et de joie. Avec le don de son Esprit, il les envoie continuer dans le monde son œuvre de réconciliation.

Il s’agit d’un texte dense et qui sert de lien entre l’heure du Fils et celle des Frères, entre le temps de Jésus et le temps de l’Eglise. Le protagoniste c’est toujours l’Esprit. L’époque de l’Esprit, inaugurée en la personne de Jésus, se poursuit en nous : la gloire de Jésus est transmise à la communauté des frères. Ce qui frappe dans cet évangile, c’est l’insistance sur les stigmates de la crucifixion et du coup de lance. En rapportant la première manifestation du Ressuscité, l’évangéliste précise que celui-ci montra aux disciples « ses mains et son côté ». A Thomas, qui a demandé à voir et à palper les marques des sévices, Jésus répond : « Avance ton doigt et vois mes mains, avance ta main et mets-la dans mon côté. » Nous pouvons comprendre par cette insistance que l’intention du narrateur est de rappeler que c’est le Crucifié qui, par-delà sa mort, s’est montré vivant aux siens. C’est tout de même un signe d’espérance pour les crucifiés d’aujourd’hui. Quand nous contemplons l’homme des douleurs devenu glorieux, nous pouvons nourrir un sentiment d’espérance pour les personnes qui souffrent et expérimentent la douleur dans notre quotidien pour la transformation de notre société. Ce sont des ressuscités en puissance. Cette conviction a donné lieu à un engagement fidèle aux premiers chrétiens. Nous aussi, comme eux, nous pouvons aujourd’hui être fidèles à écouter les enseignements des apôtres ; fidèles à la communion fraternelle ; fidèles à la fraction du pain et fidèles à la participation active dans prière (cf. Ac 2, 42-47). Comme Eglise, tout en accueillant le don du ressuscité, son Esprit, sortons du tombeau et contemplons à travers les blessés de notre histoire l’amour de l’Epoux. Dans ces blessés, nous découvrirons sans doute combien Dieu a aimé le monde. Mais n’oublions pas que l’amour est toujours « mission ». C’est d’ailleurs pour cette raison que l’amour nous fait toujours sortir de nous-mêmes, pour aller vers l’autre. L’amour du Père et du Fils nous pousse vers les frères (cf. 1Cor 15,28).

Pour pouvoir réaliser cette mission, Jésus nous donne son souffle vital : la vie de Dieu devient aussi nôtre. Cet Esprit nouveau, change nos cœurs de pierre en cœurs de chair, capables de vivre selon la Parole de Dieu et d’habiter notre terre, notre contexte historique. C’est un esprit qui fait vivre les eaux desséchés et qui nous mènent à la reconnaissance du Seigneur. C’est l’Esprit du Fils, qui nous rend capable de vivre en frères, tout en proclamant notre foi profonde. En effet, Thomas évoque toujours pour nous la figure de l’homme incrédule. Pourtant, Jean nous le présente comme type du vrai et du premier croyant. Les autres disciples ont vu le Seigneur ressuscité et ont cru leur Maître vivant, mais Thomas est le premier à reconnaître que l’homme Jésus, celui qui a ri et bu le vin des noces à Cana, qui a pardonné à la femme adultère, qui a pleuré sur la tombe de son ami Lazare, celui-là est Dieu. C’est au cri de foi de Thomas : « mon Seigneur et mon Dieu ! » qu’aboutit l’évangile de Jean ; c’est, dit-il lui-même, dans ce but qu’il a écrit : « Afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu et que par votre foi vous ayez la vie en son mon. »

Je vais conclure en rappelant que les disciples étaient enfermés parce qu’ils avaient peurs des juifs. Remarquons que la peur divise les personnes. Par peur, chacun demeure enfermé en lui-même, en défense ou prêt à attaquer les autres. Si la peur et la confiance, tout comme la tristesse et la joie, sont à l’origine de toute action et mouvement ; choisissons pour notre part de nous laisser envahir par la confiance et la joie que le Ressuscité nous donne.