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La souffrance ou la mort pose problème à l’homme actuel. Pis encore quand celle-ci atteint Dieu. Pourquoi souffrir, mourir innocemment ? Et pourquoi Dieu n’intervient-il pas?

La 1ère lecture (Is 50, 4-7) et la 2e (Ph 2, 6-11) donne le sens profond de la passion de notre Seigneur. Le Christ, bien qu’il soit de condition divine, ne s’est pas accroché au rang qui faisait de Lui l’égal de Dieu, il s’est abaissé par obéissance, devenant petit parmi les petits. La mort sur la croix est déjà une image de l’abaissement jusqu’au bout. Elle est descente aux enfers alors que la Croix est une élévation (Jn 12, 32-33). En s’abaissant jusqu’au bout, Dieu l’élève jusqu’au-dessus de tout.

Comme un serviteur souffrant, le Christ endure tout dans la non-violence et le respect du libre-arbitre de ceux qui déchainaient la violence contre lui. Au mal subi, il oppose le « don des dons » c'est-à-dire le « pardon » dans « l’abandon » de sa vie entre les mains du Père. Quand on parle de la passion, on voit tout de suite trois protagonistes :

  • Le Père qui donne son Fils pour réconcilier l’humanité avec lui
  • Le Fils qui, par humilité, se donne au Père et à ses frères (nous les pécheurs) dans un amour qui va jusqu’à subir la mort
  • Les hommes pécheurs qui, dans leur violence, mettent Jésus à mort.

Jésus n’a pas péché mais a subi toutes les conséquences du péché. Bref, l’amour et le projet de Dieu Père, la disponibilité et la confiance du Fils qui ne s’enfouit pas mais va jusqu’au bout, ainsi que la détermination meurtrière des hommes. Tel est le mystère de la passion et la mort du Christ qui nous vivons aujourd’hui. Une chrétienne vient demander à Saint Augustin : « Qu’est-ce qui distingue le Père livrant son Fils, le Fils se livrant lui-même et Juda le disciple livrant son maître ? » Saint Augustin répondit en ces termes : « ce que le Père et le Fils ont fait par charité, Judas l’a fait par trahison ».

Eh bien, nous aussi nous avons trahi notre identité chrétienne (car nous sommes faits à l’image de Dieu), nous avons trahi le fils de Dieu. Lui qui a enseigné l’humilité (celui qui veut être grand…) et demande qu’on renonce à soi-même pour lui (celui qui veut me suivre….) Nous devrions le mettre au centre de notre vie.

Chers frères et sœurs, le visage meurtri du Christ en croix nous renvoie l’image de notre propre violence et de notre péché. La sainteté de sa manière de mourir doit provoquer notre conversion ; notre conversion passe par l’humilité à l’exemple du Christ qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir.

Chers amis, nous pouvons nous résumer en disant :

  1. Jésus est venu pour servir et il a servi jusqu’au bout. Il n’a pas reculé devant la souffrance et la persécution
  2. Jésus meurt comme il a vécu. Il a accompli sa mission de prophète en paroles et en actes, devant DIEU et devant tout le peuple
  3. La légèreté humaine : Judas a trahi, Pierre a trahi devant les femmes, la foule a trahi (crucifie-le), les chefs des juifs ont trahi et les grands prêtres ont trahi. Toutes les catégories de la société d’alors, ont trahi. D’où humilité, repentance et conversion pour tout le monde.
  4. Jésus a été victime de la misérable faiblesse des hommes.

La cause de la mort de Jésus n’est pas à rechercher dans les grands crimes qui ensanglantent le monde aujourd’hui, mais bien dans l’accumulation des manquements ordinaires de tous les jours :

  • Le mensonge et la jalousie
  • La haine et la méfiance
  • Le refus d’ouverture et de changement positif des mentalités
  • La lâcheté et la peur
  • L’intérêt et la mesquinerie
  • L’enfermement dans des privilèges et dans des habitudes
  • L’incapacité de s’ouvrir à une autre image de Dieu et du Salut

Donc, Jésus a été victime de la haine de quelques hommes, la jalousie des chefs de son peuple, la trahison de Judas, la lâcheté de Pilate et du procès injuste, de l’indifférence de nous tous. Nul n’est épargné : d’où une fois de plus encore, humilité, repentance et conversion.

Barthélemy MINANI Sx