Aujourd'hui, frères et sœurs, nous célébrons la solennité de la Sainte Trinité et l'Évangile proclamé nous aide à approfondir la compréhension de ce mystère. Avant de commencer, je voudrais partager avec vous une expérience que j'ai vécue au sujet de la Sainte Trinité lorsque j'étais au lycée. J'étais connu dans mon école pour être un bon défenseur de la foi catholique parmi mes camarades de classe. En fait, j'étudiais dans une école privée où se côtoyaient des élèves de différentes religions. Un jour, alors que je discutais avec mes camarades de classe, un de mes camarades musulman s'est approché de moi et a commencé à dire que les catholiques servaient le diable et non Dieu dans leur polythéisme. Par conséquent, l'islam est la seule religion monothéiste. Dans mon empressement, je lui ai dit que nous étions une religion monothéiste, bien que nous croyions en un seul Dieu en trois personnes égales mais distinctes. Il m'a alors demandé si le Père était Dieu. J'ai répondu par l'affirmative. Il m'a ensuite demandé si Jésus était Dieu. J'ai répondu par l'affirmative. Il m'a enfin demandé si l'Esprit était Dieu, et j'ai dit oui. Il a conclu que nous croyions donc en trois Dieux. Honnêtement, je n'ai pas pu expliquer le mystère de la Sainte Trinité à mon camarade musulman et ce jour-là, j'ai perdu le débat.
Frères et sœurs, dans l'Évangile d'aujourd'hui, Jésus nous présente une nouvelle compréhension de lui-même, du Père et du Saint-Esprit, ainsi que de leur relation.
En fait, dans l'Ancien Testament, Dieu se révèle comme le seul Dieu et invite les Israélites à se détourner de l'idolâtrie et de l'adoration d'autres dieux. Nous pouvons dire que le but de tout l'Ancien Testament est cette idée monothéiste de Dieu. Dans toute la Bible, d'une manière ou d'une autre, nous entendons Dieu dire : "Je suis l'Éternel, et il n'y en a pas d'autre ; en dehors de moi, il n'y a pas de Dieu". (Is 45, 5 ; Ex 9, 14 ; Dt 4, 35).
En outre, frères et sœurs, nous savons également que cette auto-révélation de Dieu était quelque chose de progressif. La compréhension par les Israélites de l'unicité de Dieu est le fruit d'un long cheminement avec Lui. Nous pouvons même dire que la révélation de Dieu à notre égard est comme les étapes de la croissance humaine. Lorsque nous naissons, nous sommes portés par nos parents. Mais vers sept mois, nous commençons à ramper. Vers l'âge d'un an ou plus, nous commençons à marcher indépendamment avec nos deux pieds. La création de l'univers par Dieu peut être considérée comme un nouveau-né porté sur les genoux de sa mère. L'enfant qui rampe peut être considéré comme l'Ancien Testament, où Dieu se révèle comme le seul et unique Dieu. L'enfant indépendant marchant sur ses deux pieds est la révélation apportée par Jésus.
Dans le Nouveau Testament, nous avons donc la plénitude de l'autorévélation de Dieu. En fait, dans la lecture d'aujourd'hui, Jésus nous dit que le concept monothéiste de Dieu présenté dans tout l'Ancien Testament est un concept trinitaire. Cela signifie que Dieu est un en trois personnes divines. La trinité est une unité en trois dimensions : 1 x 1 x 1 égale 1. Difficile à comprendre ? Pourtant, nous vivons dans un univers conçu de cette manière. En réalité, l'univers est une trinité : le temps, l'espace et la matière interagissent ensemble pour former tout ce que nous trouvons dans l'univers, tout ce qui vit et tout ce qui abrite la vie. Si l'on soustrait l'un des trois éléments, on ne parle plus d'univers. Le temps qui est composé du passé, du présent et du futur est différent de l'espace qui comprend en lui-même la hauteur, la longueur et la largeur. Ces deux éléments sont également différents de la matière. En fait, l'atome est le composant fondamental de la matière qui comprend le proton, le neutron et l'électron. Ce que les scientifiques appellent la trinité nucléaire. Chacun de ces éléments n'est pas meilleur que les autres, mais ils interagissent les uns avec les autres pour former l'univers. Ils sont distincts mais égaux en ce sens qu'aucun d'entre eux n'est supérieur aux autres. Il en va de même pour la Sainte Trinité que nous présente Jésus. Jésus nous dit que tout ce qui appartient au Père appartient au Fils. En fait, le Père a tout donné au Fils sans réserve et sans perte. Lorsque nous donnons de l'argent à quelqu'un, nous perdons cet argent puisque nous ne le possédons plus. Par contre, lorsque nous aimons quelqu'un, ou que nous partageons notre foi avec une autre personne, nous ne la perdons pas, au contraire, elle s'accroît même d'une certaine manière. Il en va de même pour la relation entre le Père et le Fils. Il lui a tout donné, et pourtant il a encore tout. Nous découvrons ici combien le Père est aimant envers le Fils. Bien-aimés, combien Dieu nous aime jusqu'à nous révéler son identité la plus intime à travers sa création. L'amour trinitaire que Dieu exprime nous donne l'occasion de le découvrir à travers ces éléments de l'univers.
Frères et sœurs, nous devons cependant nous rendre compte que même si le Père a tout donné au Fils, Jésus ne s'appelle pas lui-même Père. Nous pouvons donc constater que si le Père est égal au Fils en termes de divinité, ils sont distincts en termes de personne : le Père n'est pas le Fils et le Fils n'est pas le Père.
De plus, frères et sœurs, Jésus présente l'Esprit Saint comme celui qui prendra possession de ce qui lui appartient. Nous pouvons également dire que de la même manière que ce qui appartient au Père appartient à Jésus, ce qui appartient à Jésus appartient à l'Esprit Saint. Là encore, comme pour le Père, Jésus ne s'identifie pas au Saint-Esprit. Même s'il nous dit que le Saint-Esprit est égal à lui, ni le Saint-Esprit n'est lui, ni il n'est le Saint-Esprit. Nous pouvons donc conclure que, bien que le Père, le Fils et le Saint-Esprit soient égaux, il existe des caractéristiques propres à chacun d'entre eux : c'est ce qui les distingue les uns des autres. Jésus nous dit que ce qui distingue chaque personne de la Trinité est le fait que le Père est Père, le Fils est Fils et l'Esprit est Esprit. En dehors de cela, tout leur est commun en raison de leur relation.
Nous avons donc la communion du Père qui est créateur, du Fils qui est rédempteur et de l'Esprit qui est sanctificateur et qui guide l'Église. Puisque Dieu est si aimant, si désintéressé, miséricordieux et compatissant, il a décidé d'étendre sa communion à nous, non seulement en nous créant ou en nous envoyant son fils unique, mais aussi en nous donnant l'Esprit Saint qui nous guide également sur le chemin de la sainteté.
L'Esprit Saint poursuit la mission de Jésus tout d'abord en guidant les disciples en leur disant ce qu'il a dit. Frères et sœurs bien-aimés, cela fait déjà près de deux mille ans que le Saint-Esprit guide notre Église catholique romaine. Sans cette guidance, l'Eglise aurait déjà disparu depuis longtemps. C'est pourquoi, bien-aimés, remercions la Sainte Trinité pour sa protection de l'Église et de chacun d'entre nous.
Or, c'est ce que Dieu veut nous dire, à travers l'autorévélation de son identité. Regardons une bougie allumée. Le feu au sommet représente la trinité dans la mesure où ce feu est constitué de trois éléments : la chaleur, la couleur et la lumière. En l'absence de l'un d'entre eux, nous n'avons pas de feu. Chacun d'eux a un rôle : la chaleur permet de réchauffer un espace froid. La lumière éclaire un espace sombre. La couleur favorise la lumière. Il n'y a donc pas de lumière sans couleur. Nous pouvons nous considérer comme cette bougie qui explique le concept de la trinité. Si nous voulons être éclairés ou éclairer les autres, nous devons accepter que la Trinité nous guide. L'un des moyens d'y parvenir est d'essayer, avec la grâce de l'Esprit Saint, de la découvrir dans notre vie quotidienne.
Tout d'abord, dans le monde qui tend à opposer Dieu et la science comme s'il s'agissait de deux choses différentes, Dieu nous dit que l'univers tout entier et la science parlent de Lui en tant que Trinité à travers les deux analogies que nous venons de partager avec vous. Notre appel n'est donc pas d'opposer Dieu et la science, mais plutôt de les comprendre à la lumière d'une unité trinitaire, tout au long de nos études. Je crois, bien-aimés, que si vous demandez cette grâce à Dieu, notre prière sera exaucée.
Deuxièmement, la semaine dernière, l'un des jeunes de ma paroisse a eu une mauvaise note dans une matière. Je l'ai interrogé sur la raison de ce résultat, il m'a dit qu'il ne pouvait pas comprendre ce sujet et que ses camarades de classe refusaient de l'expliquer parce qu'ils voulaient avoir une meilleure note que lui. Le résultat a été qu'ils ont eu de meilleures notes que lui. Honnêtement, ce comportement va à l'encontre de l'identité de la Trinité. En effet, de la même manière que le Père partage tout avec le Fils et le Saint-Esprit, nous sommes appelés à partager nos connaissances et nos découvertes avec les autres. Nous ne perdons pas en partageant, au contraire, nous découvrons et comprenons mieux qu'avant. Comme l'Esprit Saint, nous sommes invités à partager nos talents et nos connaissances avec ceux qui en ont besoin. Je crois que s'ils l'avaient partagé avec lui, ils n'auraient rien perdu.
Enfin, pour revenir à l'histoire que je vous ai racontée au début de ce partage, la Sainte Trinité n'est pas une utopie, ni une invention de l'Église, mais la révélation finale de Dieu que nous apporte Jésus, la deuxième personne de la Sainte Trinité. Tout le Nouveau Testament nous parle de cette nouvelle révélation de l'identité de Dieu : Un seul Dieu en trois personnes, égales mais distinctes. C'est pourquoi, mes chers frères, nous sommes appelés à redécouvrir la présence de la Sainte Trinité à travers notre vie quotidienne, nos études, nos partages et la Parole de Dieu que nous prions et méditons dans notre vie de tous les jours. Que le Seigneur soit avec vous tous !
