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Solennité du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Il est bien de se rappeler l’origine de cette fête parce que son histoire nous situe bien les circonstances et les enjeux de l’institution de cette fête. Cependant, Il est encore plus intéressant de méditer sur la parole de Dieu proposée pour cette fête. Selon moi, elle nous guide pour comprendre afin de croire mieux ou pour croire afin de comprendre mieux. Ce dernier jeu de mot nous rappelle la phrase célèbre de Saint Augustin d’Hippone, le fils bien-aimé de Sainte Monique, dans son sermon au numéro 43 (Les Plus Beaux Sermons de saint Augustin, réunis et traduits par Georges Humeau, t. I, Paris : Études Augustiniennes, 1986, p. 181-189).

Oui, en réfléchissant sur la parole de Dieu et en priant avec elle, on sera mieux guidé pour entrer dans le mystère que célébrons dans cette fête de l’eucharistie. Dison d’abord après la solennité de la Trinité que nous célébrons dimanche passé, nous voilà invités à entrer dans le mystère de la donation totale de Dieu en nous donnant son Fils, Jésus-Christ dans le sacrement de l’eucharistie.

Primo, la première lecture nous invite à remercier toujours Dieu qui ne se lasse jamais d’aimer son peuple malgré ses défaillances et ses doutes. Sans les interventions répétées de Dieu, le peuple d’Israël serait mort à petit feu : mort de faim d’abord, et de soif. Toutes les sollicitudes de Dieu dont le peuple d’Israël est le premier bénéficiaire soulignent que la confiance totale, la foi en sa bienveillance, malgré nos petitesses, nos doutes, même nos péchés, nous conduira vers la plénitude de notre vie, la vie inspirée de la présence de Dieu. Grâce à cette présence, l’horizon de notre vie s’ouvre à l’infini. Notre vie s’étend jusqu’à l’éternité de Dieu. En contemplant cette vérité de foi, je me rappelle le titre du livre de Jürgen Moltmann publié en 2016, The Living God and The Fullness of life (Le Dieu vivant et la plénitude de la vie). Cette contemplation nous pousse à avoir foi toujours en ce Dieu vivant qui veut du bien pour son peuple dès la première Alliance.

Secundo, cette bonté de Dieu qui garantit la vie la vie de ses fidèles en les unissant à Sa vie, ne peut que faire produire en nous l’action de grâce. Nous ne sommes pas dignes de tel don mais Sa grâce surabonde là où nos faiblesses, même nos péchés abonde (Cf. Rm 5, 20). Ce don montre jusqu’à quel point Dieu est capable de nous aimer en assumant tout pour nous élever vers « union transformante » comme nous Maurice Blondel parlant de la capacité transformatrice du le « surnaturel » en l’Homme (Cf. Exigences philosophiques du Christianisme, Paris : Presses Universitaires de France, 1950, p. 149) C’est pourquoi, traitant le sujet de la compréhension de la célébration de l’eucharistie, Saint Paul ose dire qu’unis au Christ dans cette célébration de la foi, nous devenons le corps du Christ. Nous sommes capables de vivre comme Lui. Quelle merveille !

Tertio, l’Évangile de Jean que nous écoutons pour cette fête est comme « la cerise sur le gâteau », disent-ils, les français. Cela veut dire la parole de Jésus dans l’évangile selon saint Jean couronne tout ce que nous sommes de dire jusque-là. Quand Jésus nous dit « Le pain que je donnerai c’est ma chair, donnée pour la vie du monde ». Comment pouvons-nous ne pas comprendre cette parole comme l’accomplissement de tout ce que Dieu a fait pour son peuple depuis le début. Il s’agit ici, de la vie de Dieu donnée à nous gratuitement. Tout ce que Dieu a réalisé dès le début de l’histoire du salut, c’est pour arriver à cette vérité : Dieu veut que nous ayons la vie, et la vie en abondance. Ce n’est pas de la vie superficielle, hédoniste, mondaine, vide de sens dont Jésus parle ici, mais de la vie inspirée et guidée par la communion avec Sa personne, Sa parole qui devient par la suite la force vitale chez l’Homme croyant pour donner sa vie afin de faire vivre les autres. Cette vérité me rappelle la parole de Jésus, dans le même évangile, adressée à la femme samaritaine « Celui qui boira que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau qui je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle ». Oui, Dieu nous fait toutes ces merveilles : nous donner la manne, nous unir à lui, nous vivifier pour un seul but, l’unique but d’ailleurs, celui de nous conduire vers la plénitude de notre vie en vue de partager cette vie reçue aux autres pour que tous les autres aient cette même vie de Dieu. C’est vraiment incroyable de penser et de méditer sur cette vérité évangélique. Comment ne pas penser, en réfléchissant sur tout cela, à la relation étroite entre la mystique et la politique. Que Dieu, en cette fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang de Jésus-Christ, nous donne la capacité de nous enraciner davantage dans notre foi et la force aussi de changer ce monde pour qu’il ressemble davantage au monde voulu par Lui. Car, « Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu » (Jn 3, 20-21).

Bonne fête du Saint sacrement du Corps et du Sang de Jésus-Christ !