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Le texte de la première lecture pour ce dimanche des rameaux ouvre le troisième des « Chants du Serviteur ». Le personnage qui parle n’est pas nommé, et le mot « serviteur » n’est pas employé ; il s’exprime comme un prophète, et présente les caractéristiques du disciple, docilité et fidélité. Certains commentateurs l’identifient à Zorobabel, le descendant de David qui avait alimenté l’espérance messianique dans le post-exil. Les difficultés qui s’opposent à sa mission, déjà présentes dans le second chant (49, 1-9), se font ici plus concrètes : les insultes et les outrages que le Serviteur subit et qui rentrent dans ce qu’on attendait de la vocation prophétique (cf. Les Confessions de Jérémie).

Le texte du v. 4, est assez mouvementé, certains vocables de l’hébreu sont même difficiles à interpréter, la « langue de disciple » (ou « disciples », mot rare cependant dans l’Ancien Testament) pourrait faire allusion à une école de disciples qui accueille une tradition dont le deuxième et troisième Isaïe seraient les continuateurs. Énigmatique aussi le terme traduit par « d’une parole », « soutenir », ou même « répondre » au « découragé », ou « fatigué ». Le sens peut être « adresser un mot au découragé », ou même « soutenir celui qui n’a plus de mots ». L’oreille (v. 4 et v. 5) est aussi la faculté d’entendre. Tout ceci nous pousse donc à dire que le Serviteur est un maître de sagesse, fidèle auditeur de la Parole, qui transmet l’enseignement divin aux disciples.

Les vv. 6-7 montrent la persécution, conséquence de cette docilité à la Parole. C’est la condition des Israélites, même après leur retour d’exil. Le Serviteur oppose à la persécution sa fermeté, voire son obstination : la « face dure comme pierre ». Sa sécurité vient de l’aide du Seigneur Dieu d’Israël, nommé trois fois dans ces quatre versets de la lecture.

C’est à la lumière de cette docilité et cette fidélité que je t’invite à méditer sur la passion du Christ et à entrer dans la grande semaine qui nous mènera à la Pâques de Jésus et la nôtre aussi. Lui qui était de condition divine, nous dit Saint Paul, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur…

La semaine sainte n’est pas simplement un moment important de l’année liturgique, elle est la source de toutes les autres célébrations de l’année. Toutes, en effet, se réfèrent au mystère de la Pâque d’où jaillit notre salut et celui du monde. Tout au long du Carême, nous avons accompli un pèlerinage spirituel, qui nous a conduits jusqu’à ce dimanche des Rameaux. Notre but était Jérusalem, et ainsi la liturgie de l’Eglise nous a accompagnés pour que nous soyons prêts à accueillir le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus, que nous célébrons dans le Triduum Saint. Dans les prochains jours, nous sommes appelés à intensifier la présence de la Parole de Dieu parmi nous.

Nous voulons en effet suivre Jésus de près. Que nos yeux ne se détachent pas de lui, car nous apprenons de ses gestes son grand amour pour tous. Oui, nous devons garder nos yeux fixés sur le visage de Jésus qui accepte aussi la mort, pour nous sauver. Les yeux du Seigneur, affrontés par la douleur mais toujours pleins de miséricorde et d’affection, nous regarderont comme ils regardèrent Pierre qui l’avait pourtant nié ; et nous ressentirons au plus profond de notre cœur un nœud de douleur et en même temps de tendresse.

Nous avons besoin de la docilité et de la fidélité car Jésus entre dans les villes de notre monde alors que la vie des hommes est tragiquement marquée par des conflits et des violences de tout genre. Nous avons besoin d’un changement qui ne peut que passer par la docilité et donc l’humilité ; la fidélité et donc la cohérence et l’engagement pour un bien durable.