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Nous approchons de la Semaine Sainte. Le cinquième dimanche de Carême nous porte vers un dernier moment de repos et de recueillement avant de nous retrouver autour du Seigneur Jésus qui entre à Jérusalem. Jésus-Christ, nous l’avons constaté, est désormais prêt à se livrer au dessein du Père, car, comme il l’avait dit précédemment : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre ». Tout cela débouche sur la conclusion d’une nouvelle alliance, dont le prophète Jérémie avait ressenti la nécessité en son temps. En effet, Jérémie avait pris conscience de la difficulté pour son peuple de vivre en peuple de Dieu, dans la fidélité et dans le respect de la loi. D’autre part, il avait lui-même été refusé en qualité de messager de Dieu par ceux qui auraient dû l’écouter. De quoi est-il alors question ? Dieu pense donner à l’alliance, acte par lequel Il s’est « lié » et fait « soumettre » à la fidélité envers les descendants d’Abraham, une force telle qu’elle devient « plus intime que l’intime de l’homme ».

L’Evangile nous parle de l’heure : Quelle heure ? Pouvons-nous justement demander. Montés à Jérusalem pour adorer Dieu, ils sont habités par une nouvelle inquiétudes et font le pas avec une pétition bien concrète : nous voulons voir Jésus. Je me demande si l’audience, sollicitée par les Grecs, a été accordée. Le narrateur, engagé à rapporter des choses de grande portée symbolique, a oublié de satisfaire notre curiosité sur ce point concret.

Philippe et l’heure

C’est à lui que devait revenir, Philippe, d’accéder à la demande de ces étrangers sympathisants. Il était de Bethsaïde de Galilée, une ville païenne, carrefour d’hommes aux croyances les plus variées, et était donc considéré comme le plus apte à remplir la fonction de médiateur.

Plus tard, Philippe lui-même osera demander – pour lui et pour ses compagnons – une audience privilégiée et beaucoup plus problématique : Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit ! Il va recevoir une réponse surprenante : Celui qui m’a vu, a vu le Père. Là, Philippe, même s’il s’assure l’appui de son compatriote André, estime que la chose ne présente pas de difficultés excessives. Il est même logique penser qu’il insiste avec enthousiasme pour que l’audience lui soit accordée.

Selon lui, l’heure de Jésus a sonné.

Sa renommée est arrivée très loin. Il y a des gens qui le cherchent, qui se sentent attirés par sa figure et sa personnalité. C’est l’heure du Maître. L’heure du succès, de la popularité, de la gloire, du triomphe. De fait, Jésus affirme solennellement : « l’heure est venue que le Fils de l’homme soit glorifié ». Mais, tout de suite après, avec un de ses habituelles remarques imprévisibles, il donnera à cette heure et à la glorification un contenu très différent des attentes des Philippe, d’André et des Grecs dans l’antichambre.

Ce n’est pas l’heure de la notoriété. C’est l’heure du grain de blé qui doit disparaître et mourir sous terre. C’est l’heure d’une douloureuse semence, non de la moisson triomphale. La fécondité passe par la mort. La manifestation lumineuse passe par le retrait silencieux, voire l’enterrement. L’heure de Jésus, désormais il n’y a pas de doute, est l’heure de la passion, du passage de ce monde au Père, l’heure d’une alliance nouvelle : « Mais voici quelle sera l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël quand ces jours-là seront passés – oracle du Seigneur. Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère en disant : « Apprends à connaître le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands – oracle du Seigneur. Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés ».