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Nous sommes arrivés au dernier dimanche de l'année liturgique, qui depuis 1925 a été institué comme "Solennité du Christ-Roi de l'Univers" par le pape Pie XI. c'est la fête de celui qui à la dernière parole sur tout, celui par qui tout à été fait et donc au fond a qui tout appartient. Parce que en Lui toute chose à été faite.

Ce texte signe la conclusion du discours eschatologique, du discours de Jésus sur la fin des temps.  Un discours commencé avec l'annonce de la venue du Fils de l'homme dans sa gloire qui attirera à lui tous les regards. Après cette annonce (cf. Mt 24, 4-44), dans laquelle il nous consigne une mise en garde, il nous laisse aussi trois paraboles sur la vigilance et sur la responsabilité à prendre face à son retour glorieux (cf Mt 24,45-25, 30). Il conclut le discours avec le texte que nous lisons aujourd'hui. Un texte difficile à classer dans les genres littéraires utilisés jusque maintenant. Ce n'est ni une parabole (même si cela ressemble), ni un discours allégorique. c'est plutôt un récit exemplaire, la description d'une prophétie dans un cadre apocalyptique.

Ouvrons maintenant notre cœur et demandons à l'Esprit Saint d'agir sur notre intelligence, pensant que nous cherchons à découvrir dans cette parole quelle est la Bonne Nouvelle qu'il y a pour nous.

Le jugement dernier est une œuvre de séparation. Ca semble une nouvelle création, comme mettre de l'ordre. Chacun prendra la place qui lui est due: "il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche (Mt 25, 32-33). La séparation que le berger opère est une séparation nécessaire, qui respecte la nature de chacun des animaux pour la nuit. c'est une mesure protective pour les brebis, qui se feraient maltraiter dans la nuit, et c'est une mesure de respect de la nature des boucs qui ont besoin d'espace. La séparation n'est pas un acte d'injustice, c'est une ratification, une reconnaissance de la nature de chaque espèce. Cela signifie que le jugement est un acte de prise d'acte de la part de Dieu des choix que nous avons fait dans notre vie quotidienne.

Plus qu'un "Jugement universel, il serait plus juste dire que l'évangile raconte de la "révélation de la vérité ultime, sur l'Humanité et sur la vie".  Qu'est ce qui restera de notre personne quand il ne restera plus rien? Il ne restera que l'amour, donnée et reçu.

Donner à manger, donner à boire, accueillir l'étranger, vêtir le nu, visiter les malades, visiter les prisonniers sont les six pas d'un parcours de vie centré sur l'amour, sur la forme que prend l'homme, celle de Dieu et sur la forme de notre vivre. Six à faire pour se diriger vers le Règne de Dieu, ce règne qui est La terre comme Dieu l'a rêvée. Le Livre du Deutéronome, déjà, affirmait que si l’on veut vivre l’Alliance avec Dieu, il faut éliminer la pauvreté : « Il n’y aura pas de pauvres parmi vous » (Dt 15, 4) au sens de « Vous ne devez pas tolérer qu’il y ait des malheureux et des pauvres parmi vous ». Jésus s’inscrit dans la droite ligne de cet idéal attribué à Moïse. La terre telle qu'elle a été rêvée par Dieu est une terre sans pauvreté. Comme dit le pape dans son discours pour la journée des pauvres, " Nous savons la grande difficulté qui émerge dans le monde contemporain de pouvoir identifier clairement la pauvreté. Cependant, elle nous interpelle chaque jour par ses mille visages marqués par la douleur, par la marginalisation, par l’abus, par la violence, par les tortures et par l’emprisonnement, par la guerre, par la privation de la liberté et de la dignité, par l’ignorance et par l’analphabétisme, par l’urgence sanitaire et par le manque de travail, par les traites et par les esclavages, par l’exil et par la misère, par la migration forcée. La pauvreté a le visage de femmes, d’hommes et d’enfants exploités pour de vils intérêts, piétinés par des logiques perverses du pouvoir et de l’argent. Quelle liste impitoyable et jamais complète se trouve-t-on obligé d’établir face à la pauvreté fruit de l’injustice sociale, de la misère morale, de l’avidité d’une minorité et de l’indifférence généralisée !".

De ces six actions aucune ne parle d'une attitude envers la religion, aucune ne regarde un comportement envers Dieu, elle parlent toutes de comportements à voir en face des besoins de l'Humanité. Ce qui donne la vie éternelle n'est donc pas un comportement religieux, mais un comportement humain.

L'objet du jugement est donc l'amour traduit en actes concrets. Comme suggère la dernière partie, c'est le bien fait ou pas fait. Dans la mémoire de Dieu il n'y a pas d'espace pour nos péchés, mais seulement pour les gestes de bonté et pour les larmes. Parce que le mal n'est jamais révélateur, ni de qui est Dieu ni de qui est l'Humain. Seul le bien dit la vérité d'une personne. Dieu ne perd et pas son temps et ne gaspille pas non plus notre histoire en se faisant gardien des péchés et des ombres de notre vie. Au contraire, pour lui il ne faut perdre aucun des petits gestes de bonté, il ne faut perdre aucun acte de fatigante générosité, aucune douloureuse patience, tout cela circule dans les veines du monde comme une énergie de vie, maintenant et pour l'éternité.

 au fond, quelle est la faute de ceux qui sont éloignés de Dieu (e que l'évangéliste ne nomme pas les "maudits de mon père alors qu'il dira les bénis de mon père")? Il ne sont pas coupables d'avoir  fait mal sur mal; le péché est plus grave, c'est un péché d'omission: ils n'ont pas fait le bien, ils n'ont rien donné à la vie.

Il ne suffit pas de dire: "Je n'ai fait de mal à personne". Parce qu'on fait du mal même en silence, on tue aussi simplement en restant à la fenêtre pour regarder.

Ne pas s'engager pour le bien commun, en regardant de loin, on se fait déjà complices du mal commun, de la corruption, des mafia, c'est la "Globalisante de l'indifférence" (Pape François).

Ce qui arrive le dernier jour nous prouve que la véritable alternative n'est pas entre qui va à l'Eglise et qui n'y va pas, mais entre qui s'arrête auprès de l'homme blessé et à terre, et qui passe sans s'arrêter. Mais au delà de l'humanité il n'y a rien, encore moins le Règne de Dieu.

Pour ce la Jésus est très sévère. Ne offrir d'aide, ne pas répondre aux besoins élémentaires, aux souffrances, aux nécessités des autres, équivaut à un homicide.  Ils sont maudits, mai pas par Dieu, mais leur égoïsme, leur fermeture aux besoins de autres, les a comme maudits. Tout personne qui se ferme à la vie et la refuse se maudit.