La parabole des talents nous renseigne sur ce que Dieu attend de nous jusqu’au jour du retour du Christ. Ce qu’il attend, c’est que nous fassions fructifier les talents que nous avons reçus de lui. Mais la question reste ouverte : « Quels talents ? »
Les experts de la Bible s’accordent pour dire que les talents dont parle l’évangile n’étaient pas de petites sommes. Un seul talent équivalait à l’argent gagné en 6000 jours de travail. Bref, l’argent qu’on ne pourrait jamais gagner étant donné que notre vie est courte. Le maître confie donc des biens considérables à ses serviteurs, faisant montre envers eux d’une extrême générosité et d’une très grande confiance. D’où la question, qu’ai-je fait de la générosité et de la confiance que Dieu me donnent ?
Quels sont réellement ces talents ? On pourrait penser aux qualités et aux dons naturels que chacun de nous possède : la douceur, l’habileté pour la peinture, les mathématiques, le piano, le doigté auprès des malades, l’accueil, la compassion, la créativité, etc. Nul ne saurait acheter ces dons-là. Et pourtant notre parabole ne vise pas ces genres de talents.
Quels sont finalement les talents dont nous parle cet évangile ? il s’agit à coup sûr, des dons de l’Esprit reçus lors de notre baptême et que Dieu par le Christ ne cesse de nous octroyer. Le don de la foi en Jésus le ressuscité, don de l’espérance d’être pleinement pardonné, don de se savoir aimé de Dieu(Theophiloi), don de l’accueil de l’évangile qui est chemin de salut, don de se savoir habité par l’Esprit qui nous fait crier Abba, Père et nous conduit vers la vérité tout entière, etc. Bref, les biens qui nous sont confiés sont d’abord et avant tout biens divins, grâce auxquelles nous sommes croyants et fils de Dieu, membres de l’Église de Jésus-Christ.
Et que faire de ces talents, les enfuir ou les garder ? Les talents reçus sont à faire fructifier. En effet, souvent nous pensons que la foi, l’espérance, l’amour de Dieu le Père, la grâce de vivre dans l’Esprit, ne nous sont donnés que pour notre bonheur personnel et notre salut individuel. Ce n’est pas vrai. Dieu a fait de nous des croyants pour que nous soyons témoins de ce que nous avons reçus. Il nous a beaucoup donnés pour que nous donnions beaucoup à notre tour. À ceux qui auront moins reçus, il leur sera moins demandé en retour. Les infirmes, les handicapés, les malades mentaux n’ont pas la même habileté que nous.
Tout baptisé a-t-il des dons ? Que dire des non-baptisés ? Le baptême n’est pas un sacrement sauvetage qui se contente de nous faire passer dans le monde de Dieu, pour notre sécurité, joie et bonheur personnelles. Il est un sacrement qui fait de nous des « chargés de mission ». Il nous communique les richesses divines pour que nous en soyons les dispensateurs. Il nous rend riche de dons pour que nous portions beaucoup de fruit. Il fait de nous des croyants pour que, grâce à nous, ceux et celles qui nous entourent accèdent à la foi. Il fait de nous des hommes d’espérance pour que ceux qui vivent auprès de nous accueillent eux aussi un jour, l’espérance qui nous habite. Le baptême fait de nous des gens heureux de se savoir aimés de Dieu pour que tous ceux-là que nous rencontrons sur notre route, possèdent grâce à nous le même bonheur.
Par consequent, accueillir la foi, l’espérance et l’amour de Dieu, puis les garder précieusement pour soi sans les partager aux autres, c’est agir comme ce serviteur de la parabole qui cache en terre ses talents. C’est aussi se vouer un sort semblable au sien. Donc, nous avons une très grande responsabilité, celle d’être croyant, d’être baptisé. Et pourtant il ne faut pas considérer le don du baptême comme un cadeau empoisonné mais l’évangile d’aujourd’hui nous invite à prendre au sérieux l’alliance que Dieu a conclue avec nous au travers de ses sacrements. Tant d’hommes que nous ignorent tout de l’amour et de la prévenance de Dieu, beaucoup encore jusqu’aujourd’hui ignorent le Christ. Pourquoi nous avoir choisis ? Pourquoi ce privilège est tombé sur moi ? C’est à cause du geste gratuit et bienveillant de Dieu.
N’oublions pas que nous vivons une époque où l’indifférence religieuse, le relativisme moral sont florissant et bien vues. Combien de talents donnés aux hommes de ce monde insouciant ont été mis en terre ? S’il vous plaît, Dieu attend de nous beaucoup de choses. Ne le décevons donc pas. AMEN
