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Sixième Dimanche de Pâques: Défenseur et consolateur

En ce dimanche, l’Esprit Saint nous est présenté comme fruit de la foi. Le connaitre, le recevoir, est fruit de la foi. Le passage de l’Evangile qui nous accompagne dans notre méditation fait partie du plus long «discours d’adieu», que Jésus adresse à ses disciples alors qu’il s’apprête à s’acheminer, du lieu de la dernière cène, vers le jardin le lieu de l’agonie.

            Ce sont des paroles de consolation qu’il leur adresse pour les préparer aux événements dramatiques qui suivront, et dont ils n’ont pas la pleine conscience : « Que votre cœur ne soit pas troublé. Ayez foi en Dieu et ayez foi en moi » (Jn 14, 1). Mais ce sont aussi des mots « testamentaires » qui expriment ses « volontés » sur leurs attitudes futures, leur manière de se rapporter à lui qui, tout en allant à la mort, continuera à être présent parmi eux comme le Ressuscité, « donateur » même de son « Esprit » de sainteté.

            Voilà pourquoi la première demande qu’il fait aux apôtres, pour continuer à garder vivante sa mémoire au-delà de la mort et pour témoigner de sa résurrection, est celle de vivre « dans l’amour ». Et c’est précisément sur le thème de l’amour que s’ouvre et se termine le passage de l’Evangile proposé aujourd’hui à notre attention : «Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements... Celui qui reçoit mes commandements et les observe, c’est celui qui m’aime. Celui qui m’aime sera aimé par mon Père et moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui » (Jn 14, 15.21).

Comme on le voit, l’amour dont on parle est un amour à double sens, voire triple : c’est l’amour des disciples envers le Christ, même après sa mort! Et ce sera une « vie » en gloire et en puissance : « Encore un peu et le monde ne me verra plus ; vous me verrez, car je vis et vous vivrez » (14, 19). C’est pourquoi l’amour doit être plus fort !

            A cet amour des disciples répond d’en haut un double amour : évidemment de la part du Christ, qui s’est lui-même «choisi» ses disciples et qui ne peut ne pas les aimer; mais aussi de la part du Père qui aime tout celui qui aime le Fils. C’est pourquoi nous sommes devant un amour infini qui enveloppe le disciple du Christ!

            Mais on exige de lui, comme contrepartie, qu’il montre son amour en observant ses «commandements» : «Celui qui accueille mes commandements et les observe, c’est celui qui m’aime» (v. 21). Il peut aussi sembler étrange que dans un discours d'«amour» on parle de «commandements». Mais ce n’est pas le cas si l’on pense, comme interprètent de nombreux exégètes, que Jésus renvoie de façon particulière aux «deux commandements» qui sont comme la «synthèse» de son enseignement, c’est-à-dire l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Il suffit ici de rappeler ce que Jésus dira dans peu de temps : «Voici mon commandement : aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés» (15, 12). Devant l’immense amour du Christ s’impose, en soi, une « libre » volonté de réponse amoureuse.

Cette situation est telle que Jésus promet aux siens d’envoyer l’Esprit Saint, que le texte grec appelle «Paraclet» (paráklētos), terme qui peut signifier à la fois «consolateur» et «avocat» : probablement l’évangéliste entend les deux choses ensemble.

            Quoi qu’il en soit, on énonce ici deux caractéristiques, comme il ressort du texte : «Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet pour qu’il demeure avec vous pour toujours, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas. Vous le connaissez parce qu’il demeure auprès de vous et sera en vous» (14, 16-17). La première est que l’Esprit est donné pour « demeurer toujours avec nous » : il ne nous abandonnera donc jamais. On dit même qu’il sera « en nous » (v. 17) : on parle donc d’une « inhabitation » en nous, de sorte que ce soit lui qui agisse en nous et par nous. De cette façon, il est clair que lui, qui est le fruit de l’amour du Père et du Fils, nous donnera la capacité d’aimer Dieu et nos frères, mettant ainsi en œuvre ce « commandement » de l’amour dont Jésus nous a parlé.

            La deuxième caractéristique est qu’il est l'« Esprit de vérité » (v. 17), qui nous guidera « à la vérité tout entière » (16.13). Mais la « vérité » dont on parle ici n’est pas quelque chose d’abstrait, de purement conceptuel ou cognitif, mais plutôt la « révélation » que Dieu a faite de lui-même en nous donnant le Christ, qui n’est accessible qu’à travers la foi : c’est pourquoi « le monde » incrédule ne peut ni «le recevoir», ni «le connaître».