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Sixième Dimanche de Pâques: Une histoire d'amour

Quand on parcourt les évangiles, on est d’emblée frappé par le fait que la foi chrétienne n’y est pas présentée comme un système de connaissance, une philosophie, mais bien plutôt comme une histoire d’amour. Il en résulte que le chrétien n’est pas d’abord quelqu’un qui a une connaissance approfondie du « christianisme » ; il est précisément un homme qui aime passionnément Jésus. Dans le passage de l’Evangile de Jean qui nous est proposé par la liturgie de ce dimanche, Jésus décrit le rapport du disciple authentique envers sa personne en termes d’amour : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. » C’est donc l’amour pour Jésus qui constitue le chrétien. Cet amour n’est cependant pas captif d’une piété sentimentaliste : il prend la forme d’une vie transformée par la Parole de Dieu. Aimer Jésus c’est inscrire sa Parole dans la chair de ma vie !

En outre, le texte que nous méditons laisse entendre que vivre de la parole de Jésus c’est la garder : « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime. » Garder une chose, c’est la porter avec soi ; c’est la protéger. La pensée de la chose gardée accompagne continuellement celui qui en est le gardien, si bien que l’on pourrait dire qu’il en va de ce dernier comme de l’amoureux qui porte continuellement dans sa pensée et dans son cœur l’être aimé. C’est dire que le fait d’utiliser le verbe « garder » pour signifier la mise en pratique de la Parole de Dieu, honore le rôle de la mémoire dans ce processus : j’aime Jésus quand je vis de sa Parole, et je ne vis de sa Parole que parce que j’en garde la mémoire. Celui qui oublie la Parole de Jésus dans la trame de ses journées signifie par le fait même que Jésus n’est pas encore le trésor de son cœur : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (Mt 6, 21)

Par ailleurs, c’est par le truchement de l’amour pour Jésus, qui passe par le vécu de sa Parole, que le chrétien fait l’expérience de l’Esprit Saint : il est, en effet, Celui qui nous rappelle tout ce que Jésus a dit (Jn 14, 26). Dans le texte que nous méditons, Jésus affirme à son sujet qu’il demeure auprès des disciples, et en eux : il est donc non seulement leur compagnon dans la belle aventure de l’annonce de l’Evangile, mais aussi la lumière intérieure qui les aide à discerner la présence du Ressuscité au cœur du monde pour s’y référer comme source d’inspiration de leurs choix et de leurs actions. Dans cette perspective, un autre titre que lui donne Jésus est éminemment suggestif : Défenseur (paraclet). En effet, en tant que « Défenseur », il a pour mission de secourir les disciples dans les épreuves liées au témoignage qu’ils ont à rendre à Jésus au cœur du monde ; il leur communique la force de Dieu qui permet de traverser les déserts de la vie., celui qui l’accueille et se laisse conduire par lui n’éprouve jamais le monde comme un orphelinat, car ces paroles de Jésus se réalisent dans son existence : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. »

Alors que nous nous acheminons vers la pentecôte, ce passage d’Evangile nous invite à redécouvrir la personne de l’Esprit Saint, à l’invoquer, à nous laisser conduire par lui pour devenir, sous sa houlette, de véritables disciples-missionnaires.