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Journée mondiale missionnaire

Chers frères et soeurs,

« Allez dire au monde entier que le Seigneur est Roi » (Ps 96) et dans le Message du pape François pour la journée d’aujourd’hui, nous pouvons lire cette phrase de l’Évangile selon saint Luc : « Allez je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups » (Lc 10,3).

L’impératif « Allez » suppose une « sortie », un mouvement, un déplacement. Il y a sortie lorsqu’ on va quelque part, on va du point de départ jusqu’au point d’arrivé. Le point de départ de la Mission est trinitaire. C’est Dieu le père qui envoie son Fils : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique » (Jn 3, 16). Le Fils et le Père nous font don de l’Esprit Saint : « Je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui vient du Père, il me rendra témoignage » (Jn 15, 26). L’Esprit du Fils unique nous fait crier Abba « Père » (Rm 8, 15) ; ce même Esprit nous conduit vers la vérité tout entière : « l’Esprit de vérité quand il viendra, il vous conduira dans la vérité tout entière » (Jn 16, 13). Nous savons que dans l’Évangile de Jean, la vérité fait référence à Jésus lui-même : « Je suis le chemin la vérité et la vie » (Jn 14, 6). Autant la Sainte trinité est le point de départ, voire le fondement de la mission, autant l’Église peuple de Dieu est le point d’arrivé.

Longtemps, la mission s’est faite dans un sens unique. Il s’agissait de partir du Nord pour annoncer la bonne nouvelle au Sud. C’est dans ce contexte que la plupart de congrégations missionnaires sont nées. Être missionnaire signifiait allez, sortir de son territoire pour apporter la lumière aux peuples primitifs qui croupissaient dans les ténèbres. Il fallait propager la foi, convertir les infidèles même par force, multiplier le baptême pour sauver leurs âmes. Les sacrements étaient considérés comme un sauvetage. À cette époque, l’évangélisation allait de pair avec la colonisation. Aujourd’hui  l’époque-là est déjà révolue. La mission se fait désormais dans les deux sens. Elle est devenue un « va et vient », ceux du nord peuvent aller au sud et ceux du sud peuvent allez au nord. La mission n’est plus la chasse gardée de certains mais elle est désormais l’apanage de tout chrétien. Saint Pierre nous avertit : « Devant quiconque nous le demande, nous devons toujours être prêts à rendre compte de l’espérance qui habite en nous » (1Pierre 3, 15). Chacun de nous est donc missionnaire et il doit exercer sa mission. La 1e lecture nous disait : « Je t’ai appelé par ton nom…je t’ai décerné un titre alors que tu ne me connaissais pas» (Is 45, 4).

Si donc nous sommes tous des missionnaires, comment exercer notre mission ? C’est d’abord par :

  • L’ouverture à l’autre. Pour m’ouvrir à l’autre, je dois accepter de perdre pour gagner. Pour cela, je ne vais pas vers lui en maître mais dans l’humilité, le rabaissement. Entre moi et lui, chacun doit se faire à la fois grand et petit. L’autre, ignorant ou modeste soit-il, a quelque chose à m’apporter.
  • Prier pour les missions. Le virus Ebola a tué beaucoup de missionnaires dont les médias ne parlent pas. La moitié des infirmiers affectés et morts, seraient des missionnaires catholiques. La guerre fait des ravages dans beaucoup de pays et pourtant les missions y travaillent dans l’ombre. En priant pour eux, nous exerçons notre mission.
  • Le soutien matériel et financier pour la propagation de l’œuvre de Dieu. Le pape François nous dit dans son message d’aujourd’hui : « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co 9,7) ; « la contribution économique  personnelle est le signe d’une oblation de soi-même, d’abord au Seigneur puis à nos frères, afin que l’offrande matérielle devienne un instrument d’évangélisation d’une humanité qui se construit sur l’amour » (Pape François, Message pour la journée missionnaire mondiale du 19 octobre 2014).

Le pape Jean Paul II dans Redemptoris missio au chapitre 5, nous avait donné les voies de la mission : Nous allons les parcourir à vol d’oiseau

  1. Le témoignage : l’homme contemporain écoute volontiers le témoin que le maître. Notre monde est saturé des discours, il faut désormais parler par le témoignage de vie exemplaire et non par des paroles.
  2. La première annonce du Christ sauveur. La priorité pour le missionnaire c’est d’annoncer le Christ à temps et à contre temps. L’annonce ne se fait pas contre l’Église ou sans l’Église, elle se fait avec et dans l’Église.
  3. Conversion et baptême. Une fois le christ annoncé, on peut administrer des sacrements en signe d’adhésion pleine et sincère au Christ et à son évangile par la foi.
  4. La fondation des églises locales. Ces églises sont les signes de la présence de Dieu dans le monde.
  5. Les communautés ecclésiales de base, force d’évangélisation. Ces petites communautés à taille humaine aident à faire attention aux plus petits et à s’engager d’avantage pour la transformation de la société.
  6. Incarner l’Évangile dans les cultures des peuples. Il s’agit non d’une adaptation extérieure de l’évangile à la culture mais d’une transformation des authentiques valeurs culturelles au contact avec l’évangile.
  7. Le dialogue avec les frères d’autres religions. Le dialogue ne s’oppose pas à la mission mais il lui est spécialement lié et il en est une expression. Le dialogue ne dispense pas de l’évangélisation.
  8. Promouvoir le développement en éduquant les consciences. Ceci est possible grâce à la création des écoles, des hôpitaux, des imprimeries, librairies, etc.
  9. La Charité est source et critère de la mission. L’église est une église des pauvres. Les pauvres méritent une attention particulière. L’église doit partager avec les pauvres et les opprimés de toute sorte. L’amour est et reste le moteur de la mission. Quand un chrétien agit selon la charité, tout est bon.

Le pape François quant à lui, insiste sur la joie de se savoir missionnaire, sur l’église en sortie, sur l’accueil des exclus de notre sociétés (clochards, homosexuels, etc.) car la mission c’est la mission du Christ. Le Christ c’est Jésus de Nazareth, ni prêtre, ni meneur d’une révolution politique, ni moine ascétique, ni moraliste dévot. Le Christ défie tous les camps à la fois (Cf.Hans Kung, 20 propositions pour être chrétien, éd. Seuil, 1979, p.28).

La deuxième lecture (1Thes 1, 1-5) nous montrait que la mission doit être soutenue. Elle est rendu possible par :

  • La prière
  • La Foi active
  • Une charité qui se donne de la peine et
  • L’espérance qui tient en présence de Dieu.

La journée mondiale de la mission nous rappelle que nous devons bâtir un monde missionnaire, c'est-à-dire, un monde où chaque homme se sent chez-soi. Amen