Skip to main content

La parole de Dieu de ce 14e dimanche me pousse à réfléchir sur la versatilité de l’homme, cet éternel insatisfait. La 1e lecture donne le ton : « je vous envoie vers ce peuple rebelle (…) leurs pères se sont révoltés contre moi et leurs fils ont le cœur obstiné» (Ez. 2,2-5). Nous sommes souvent ingrats et obstinés dans l’erreur et le mal. Dieu a envoyé aux hommes les prophètes, ils se sont heurtés à l’incompréhension et à l’endurcissement des cœurs des hommes. Ensuite Dieu a envoyé son propre fils. Lui aussi a trouvé une grande résistance et l’endurcissement des cœurs des hommes. « Même les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1, 11). Les gens de son village, ses anciens camarades, ses amis d’enfance, même ses proches, reconnaissent la valeur de sa doctrine mais le rejettent par orgueil et jalousie. « Il n’est que fils de charpentier ». Il n’est pas plus intelligent ni riche que nous. De quel droit vient-il nous donner des leçons ? Parmi ses compatriotes peu croient : « c’est lui le Messie » mais beaucoup refusent de croire : « Non, c’est un menteur, un séducteur, un blasphémateur, un possédé, un gêneur dont il faut se débarrasser … Et ils vont le tuer ».

1. Les disciples n’y échappent pas. Jésus avait déjà averti ses disciples : « ils m’ont haï, sachez qu’ils vous haïront aussi » (Jn 15, 21). Et c’est ce qui va arriver. Les apôtres n’ont pas été mieux accueilli que leur Maître. À l’exception de Jean, tous sont morts martyrisés. La 2e lecture (2Co 12, 7-10) nous fait voir que même Paul qui était si bon, si dévoué pour son peuple, est critiqué par ceux-là mêmes qu’il a évangélisé. Ne pouvant rien faire d’autres, il est obligé de se justifier pour le bien de ces âmes, il le fait humblement, reconnaissant qu’il est faible et que ses faiblesses font triompher la force du Christ. Finalement il sera décapité, après avoir connu la prison et les fouets à maintes reprises.

2. Les ministres de Dieu ont toujours tort aux yeux des hommes Les hommes d’hier sont ceux d’aujourd’hui. Les ministres de Dieu sont en butte aux contradictions et à la critique parfois même de la part des chrétiens au service desquels ils ont consacrés leur vie. Ça m’étonne quand je vois les anciens séminaristes (prêtres ratés) qui n’ont pas su assimiler et intégrer le changement d’état de vie, s’acharner contre l’Église ou sa façon d’annoncer la bonne nouvelle. Ils disent Non à tout juste en signe de sédition, sans arguments alternatifs fondés. Ceux qui s’opposent aux annonciateurs de l’Évangile leur reprochent de les gêner : « ils sont des hommes comme nous » disent-ils. Bien sûr, comme les prophètes et les apôtres et comme le Christ lui-même, ils sont des hommes à la fois comme les autres et « pas comme les autres ». Ils sont des envoyés de Dieu chargés de transmettre son enseignement et revêtus de ses pouvoirs divins.

3. Que doivent-ils être encore ? Certains de nos familiers et de nos camarades voudraient nous voir « présents dans leur milieu de vie », en relations plus étroites avec tous, partageant les mêmes conditions de vie, en tout semblables aux autres. Si cette façon d’être a l’avantage de se rapprocher de l’Église voulue par le Christ, souhaitée par le Concile Vatican II et prônée par le pape François actuellement, il reste aussi vrai que le Christ lui-même quand il mangeait et buvait, on le traitait de glouton et quand Jean Baptiste ne mangeait ni ne buvait on disait qu’il est possédé (Lc 7, 33-34). Si l’envoyé ressemble trop à ceux auxquels il s’adresse, il y a risque qu’il ne leur apporte rien d’autre que ce qu’ils désirent entendre. Aucune nouveauté ne pourra venir de celui-là. Toutefois, le pape François nous dit que le pasteur est tellement proche des brebis que, celui qui l’approche doit sentir l’odeur des brebis. Comment Jésus s’y est-il pris ? Quand il a pris la nature humaine, beaucoup n’ont pas cru en lui. Ils se disaient : « c’est un homme comme nous ». L’homme a toujours des excuses pour se dérober. Les ministres de Dieu sont des hommes certes, acceptons-les avec leur tempérament et leurs défauts. Ils sont aussi investis du pouvoir divin, acceptons-les comme des messagers du Seigneur, avec l’autorité et l’enseignement divins. Dieu nous les a choisis pour nous enseigner et nous transmettre les grâces de ses sacrements comme des hommes parmi les hommes et non comme des superhommes, demi-hommes, demi-anges. Quant aux messagers de la bonne nouvelle, ils ne doivent pas reculer. Dieu a dit lui-même à ses envoyés : « vous leur direz, celui qui vous écoute m’écoute, et celui qui vous méprise me méprise » puisque c’est moi qui vous ai choisi et envoyé.