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La parabole des « ouvrier de la dernière heure » est, d’après certains chrétiens et non-chrétiens, une injustice flagrante. Et pourtant c’est beaucoup plus un exemple de générosité. Pour être juste, le salaire doit permettre à l’ouvrier de vivre convenablement. Il doit aussi correspondre au travail fourni, à sa durée, sa qualité et son étendue. Comment expliquer que les ouvriers qui ont travaillé du lever au coucher du soleil reçoivent la même chose que ceux qui n’ont travaillé que pendant une heure ? N’est-ce pas là une injustice ? Il n’y a pourtant pas d’injustice. La justice consiste à donner à chacun ce qui lui est dû. Les ouvriers qui ont travaillé toute la journée, ont reçu ce qui leur était dû : c'est-à-dire le salaire d’une journée de travail. Ils n’ont reçu que leur salaire, pas de cadeau. C’est juste ! Ceux qui ont travaillé une demi-journée ou une heure seulement, ont aussi reçu le salaire d’une journée de travail. C’est un cadeau qui n’a rien d’injustice.

Les premiers ont reçu leur dû, les derniers ont reçu un cadeau. Où est l’injustice ? Les premiers ont certes supporté le poids du jour et de la chaleur, mais au moins eux, ont eu toute une journée de joie de savoir que leur salaire était assuré. Les autres par contre, n’ont pas travaillé toute la journée ni supporté le poids de la chaleur, pas parce qu’ils étaient paresseux, mais puisque personne ne les a appelés. Ils ont supporté un autre poids plus lourd encore : celui de l’angoisse du chômage forcé, de l’inquiétude de n’avoir pas le pain quotidien pour eux-mêmes et pour leurs familles. Le maître dans sa généreuse charité, donne à tous un salaire qui puisse leur permettre de vivre décemment. Il leur donne ce que nous pouvons appeler aujourd’hui « allocation de chômage ». Ses détracteurs, au lieu de voir sa générosité, trouvent que le maître encourage la paresse.

Par cette parabole, loin de donner une leçon de justice, Jésus répond aux pharisiens(les premiers à connaître la Loi et les écritures) qui se scandalisaient de le voir accueillir les pécheurs repentants (ces nouveaux-venus à la foi qui ne comprennent pas grand-chose de la Loi et des écritures) et de manger avec eux. En effet, les pharisiens ont supporté toute leur vie, le poids de la Loi. Ils mettent la Loi en pratique, non pas par amour, mais par orgueil, pour se distinguer des autres. Mais Jésus par contre, veut leur montrer la générosité du Père envers tous ceux qui répondent à son appel. Les premiers pensent qu’ils méritent même davantage que ce qu’ils ont reçu. Mais les autres savent qu’ils ne méritent pas. Et c’est là leur mérite. Le maitre de la vigne, c’est Dieu, la vigne c’est l’Église, c’est aussi le Royaume de Dieu, le salaire (denier) donné à chacun des ouvriers, représente la vie éternelle que Dieu promet à tous ceux qui répondent positivement à son appel.

Dieu nous donne, non pas notre salaire, mais une récompense, un cadeau gratuit. Il nous appelle par amour afin de nous donner par amour ce dont nous avons besoin pour vivre. Cette parabole souligne la générosité et l’amour infini de Dieu. Dans sa relation envers nous, Dieu ne se laisse pas guider par la justice humaine, mais par son amour qui ne calcule pas avec nous, qui ne trouve jamais avoir fait assez. Cette parabole rappelle aussi qu’il n’est jamais tard pour répondre à l’appel de Dieu. On ne peut pas recevoir la récompense sans répondre d’abord à l’appel de Dieu. Il n’est pas non plus prudent d’attendre la dernière heure pour répondre à son appel : « chercher le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; priez-le tant qu’il est proche », car « chacun recevra selon sa conduit ».