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Un mendiant devenu riche

Etre en bonne santé est un des signes bibliques du salut. En recouvrant sa santé, le lépreux de l’Evangile de ce dimanche expérimente ce qu’est le salut apporté au monde par le Christ : ici il signifie bonne santé et nouvelle insertion religieuse et sociale.  N’oublions pas qu’au temps bibliques, le lépreux était tenu à l’écart de toute vie sociale ou même religieuse (Ière lecture : Lv 13, 1s). Une guérison, comme celle de cet évangile, était vue comme une manifestation exceptionnelle de la bienveillance divine. Son cri le lui a valu ! Un vrai mendiant devient riche, mais de la richesse que Dieu lui-même accorde, par son Fils et dans la force de son Esprit.

« N’oublie pas, Seigneur le cri des malheureux » chante le psaume de ce dimanche (Ps 101). En effet, le Seigneur n’oublie pas le cri des malheureux comme en témoigne le miracle de l’évangile que nous écoutons. L’heureux guéri est certes touché par la grâce divine, car le Christ est pris de pitié, mais aussi parce qu’il sait crier. Il sait demander et supplier. C’est un bon mendiant pourrait-on dire. Et pourtant, sa mendicité le sort de l’isolement dans lequel sa maladie l’avait enfermé. Une nouvelle vie lui est alors offerte. Une nouvelle porte s’ouvre pour lui. Il a ainsi compris la vérité de ces paroles du psalmiste : « Seigneur, entends ma prière : que mon cri parvienne jusqu’à toi ! Ne me cache pas ton visage le jour où je suis en détresse ». cf. Psaume de ce dimanche.

Mendier, demander, supplier, tomber à genoux… sont des verbes que notre mentalité moderne marquée par la culture de la « toute-puissance » tend à bannir. Personne ne veut être dit : mendiant.  Et pourtant, ces verbes disent bien la condition humaine : une condition dépendante. Personne ne se sauve.  Personne ne se suffit. On a toujours à demander à quelqu’un ! Plus encore, il y a dans la vie de situations dans lesquelles on ne peut s’en sortir seul. On a besoin d’une main secourable. Que de blessures cachées ? Que de lèpres dissimulées ? On préfère vivre comme si rien n’était, même si on traîne avec soi une montagne de soucis.

L’Evangile de ce dimanche ouvre une voie : apprendre à mendier, à supplier, à s’exposer. Mais faut-il encore qu’on trouve une oreille attentive comme celle du Christ ? Oui, les humains peuvent ne pas écouter, mais le Seigneur, lui, écoute. C’est l’assurance de notre foi. C’est l’assure de l’Evangile. S’il sait nous écouter et nous purifier de nos lèpres, pourquoi ne pas  alors n’agissons pas comme lui ? La raison de nos lenteurs est qu’une « lèpre » nous tient encore captifs. Si nous crions avec confiance et en toute sincérité envers le Seigneur, il nous libérera et nous donnera la force d’aller répandre sa bonne nouvelle partout comme l’heureux guéri de ce dimanche.

La table du Seigneur à laquelle nous communions chaque dimanche, n’est-elle pas le lieu où nous sommes guéris, car touchés par la présence du Christ-Eucharistie ? En route vers le beau temps du carême, allons en murmurant ce bon refrain :

« Ne laissons pas mourir la terre, 

Ne laissons pas mourir le feu, 

Tendons nos mains vers la lumière, 

Pour accueillir le don de Dieu, 

Pour accueillir le don de Dieu ».