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La jeunesse : une chance pour les Églises d’Afrique

Centre d’Études Africaines (CEA) des Missionnaires Xavériens vient de consacrer le numéro 11 de ses Cahiers à la question pastorale de la jeunesse. C’est le thème du prochain synode des évêques. Nous vous présentons son éditorial.

Le pape François a convoqué un synode. Il aura lieu à Rome au mois d’Octobre. Il sera consacré à la question pastorale de la « jeunesse ». Plus précisément, son thème central sera: « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ». Le numéro 11 des Cahiers du Centre d’Études Africaines (CEA) des Missionnaires Xavériens est consacré à ce grand événement d’Église. Le contexte des Églises d’Afrique et la condition actuelle de la jeunesse africaine sont en toile de fond de toutes les contributions présentes dans ce Cahier.

Évidement, à l’heure de la communication interculturelle, il s’avère de plus en plus appauvrissant de ne se limiter qu’à son seul propre contexte[1]. C’est pourquoi les problèmes auxquels font face les jeunes africains sont abordés en tenant compte de ce que vivent les autres jeunes hors d’Afrique. Et les réponses envisagées s’inscrivent dans la perspective de l’air frais que respire toute l’Église catholique depuis l’élection du Pape François. Ainsi, « l’effet Pape François » et son appel à l’Église à se mettre ‘en étant permanent de sortie missionnaire’ (Evangelii Gaudium, n°24) et son vœu d’une Église en ‘conversion pastorale et missionnaire’ (Evangelii Gaudium n°25) sont accueillis par les contribuables à ce numéro comme un resourcement permanent au-delà du seul contexte pastoral africain.

Ce souci de cheminer avec l’Église universelle se lit dans l’invitation lancée aux Églises d’Afrique à ne pas limiter sa pastorale aux problèmes des jeunes présents en paroisse. Le vœu d’envisager un nouveau modèle d’accompagnateur des jeunes ou celui d’une nouvelle approche dans la préparation des jeunes au mariage s’inscrivent dans cette dynamique de renouvellement des pratiques pastorales de l’Église, cher au pape François.

À la lecture des textes proposés dans ce Cahier, il s’avère que le thème du synode ne convie pas seulement les Églises d’Afrique à redynamiser leur sollicitude pastorale à l’égard des jeunes. Les Églises se retrouvent elles-mêmes bénéficiaires. Car elles sont invitées à rajeunir : dans ses ministres et ses pratiques. Dans ses ministres : c’est le sens de l’appel lancé par Chantal FAIDA, une jeune chrétienne catholique, très engagée dans les mouvements associatifs. Elle rêve d’une Église en Afrique avec une présence consistante des jeunes dans les structures ecclésiales. Elle plaide surtout pour une implication significative des jeunes filles dans les instances décisionnelles.

La condition des « digital natives », leur familiarité avec les nouveaux moyens de communications, le langage nouveau des « Social media », les relations instantanées sont au tant de caractéristiques du monde moderne auxquelles les Églises d’Afrique ne peuvent plus tourner le dos. Et vouloir laisser les choses comme elles sont (Evangelii Gaudium n°25). Au contraire, elles se voient sollicitées en attirer profit dans leurs célébrations et leur annonce  de la foi. En agissant ainsi, elles se mettent au diapason du monde de ce temps, friand des nouveautés et un bonheur moins cher, car virtuel. Pour les Églises d’Afrique, le défi, dans ce contexte est double. D’un côté, rajeunir sous le modèle de sa jeunesse. De l’autre côté, rester fidèle à l’Évangile éternel, Jésus-Christ : sauveur du monde, hier, aujourd’hui et demain (He 13, 18).

De bout en bout, la conviction partagée par les auteurs de ce Cahier est que le synode sera un kaïros, un moment de grâce pour toutes les Églises (2Cor 6,2 ). La question pastorale de la jeunesse, plutôt que d’être traitée comme un objet de préoccupation angoissante pour les pasteurs s’offre comme une chance. L’Église qui tient à cœur les jeunes reçoit d’eux plus qu’elle ne leur offre. Elle reçoit l’enthousiasme, la joie de vivre, le rêve d’un monde paradisiaque…Autant de qualités propres aux jeunes. À y regarder de près, ce sont des attitudes que commande la foi chrétienne. À savoir : une confiance, sans si ni mais en Dieu et l’espérance des cieux nouveaux et une terre nouvelle,  l’avènement du jour où Dieu lui - même établira sa demeure parmi les hommes. Le jour où Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ; où il n’y aura plus de mort, de deuil, ni de cri de souffrance… Le jour où Dieu fera toutes choses nouvelles (Ap 21, 1. 2 - 5).

C’est le zélé missionnaire xavérien Victor Buongiovanni qui traduit mieux le fait que la jeunesse est une chance pour les Églises d’Afrique. Au fait, dans l’interview publiée dans ce numéro, il partage son expérience missionnaire de 41ans au service des jeunes. Et il y affirme : j’ai été accompagnateur des jeunes. Mais au fond, ce sont eux qui m’ont accompagné » ! Dès lors, pour accueillir le don de la jeunesse, les Églises ont besoin de se faire accompagner par les jeunes : avant, pendant et après le synode.

Ce  dossier publié dans ce Cahier a été la première réalisation du vœu formulé ci-haut : la jeunesse comme une chance. En effet, les auteurs ce Cahier sont en grande majorité des jeunes. Les autres qui y ont contribué l’ont fait à partir de leur expérience aux côtés des jeunes. Encore une fois, ils partagent ceux qu’ils ont appris en compagnie des jeunes. En donnant prioritairement la voix aux jeunes, les coordinateurs de ces travaux ont voulu répondre à l’appel du pape François qui veut que le synode devienne une occasion pour l’Église de découvrir les jeunes comme sujets de leur propre évangélisation.

Ce numéro 11 des Cahiers du CEA a une autre spécificité qu’il convient de noter. Il s’agit de la rubrique : Charisme Xavérien. En effet, à la dernière rencontre continentale de Bujumbura (05-09 février 2018), les participants (Missionnaires Xavériens et Sœurs Xavériennes) avaient décidé de renforcer le caractère « xavérien » des Cahiers, en signe de fidélité à l’inspiration du départ du Centre d’Études Africaines. Au fait, les textes fondateurs du Centre l’envisageaient  comme un outil d’animation et de formation permanente des Églises en général et de façon particulière des Missionnaires Xavériens et Sœurs Xavériennes. Même s’il n’est pas exclu de solliciter la collaboration des autres acteurs, ce service d’animation et de formation est rendu avant tout par les Xavériens et les Xavériennes. C’est pour cela que le Centre est dit des « Missionnaires Xavériens ». Les fondateurs du Centre avaient judicieusement jugé que ce que les Xavériens avaient de mieux à offrir n’était autre que le trésor du Charisme hérité de Saint Guido Maria Conforti.

Sous le titre : « Ce que le charisme Xavérien dit aux jeunes aujourd’hui », un jeune étudiant xavérien, Aimé NSHOLE, nous aide à répondre à ce vœu des pères fondateurs du Centre. Dans l’avenir, nous voulons publier d’autres études d’approfondissement du charisme confortien. La vie des missionnaires xavériens et sœurs xavériennes que nous tenons comme actualisation du charisme pourraient aussi se retrouver sous cette rubrique. Un appel à contribution est ici lancé.

Ce numéro a retenu aussi le résumé des travaux des jeunes étudiants en Philosophie au sujet de l’interprétation des propos du Cardinal de Kinshasa-RDC, Laurent Pasinya Monsegwo : « Que les médiocres dégagent ! ». Il s’agit de propos prononcés le 2 janvier 2018. Dans son adresse, il condamnait la répression des marches des chrétiens catholiques par les forces de sécurité du régime de Kinshasa.

Tous les textes publiés ici ne sont pas de recettes magiques de la pastorale des jeunes. Ce sont des luminaires qui indiquent le chemin. Ils ont un caractère exhortatif prononcé. Il revient à ceux qui sont impliqués dans la pastorale des jeunes de trouver la manière de passer de l’exhortation à l’action. De cette manière, ils feront route- seront en synode- avec toute l’Église. Et sur cette route, une certitude nous accompagne : Comme sur le chemin d’Emmaüs, le Seigneur, l’évangélisateur des jeunes par excellence, ne cesse de nous dévoiler le sens des Écritures (Lc 24, 27).

  1. P. BIRABALUGE LOUIS SX

 

[1] SANTEDI KINKUPU L., « Quelques déplacements récents dans la pratique des théologies contextuelles : l’inculturation comme orthopraxis chrétienne et l’inventivité », dans RTL, n°34/2(2003), 165.