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Une année pour la vie consacrée en Afrique



Etapes et organisation a l'ere de la reforme

Dans son vaste projet d’infuser un souffle neuf au catholicisme, le pape François, consacré de son état, a voulu dédier une année entière à la vie consacrée. Du 30 novembre 2014 au 2 février 2016, les consacrés sont invités à prier et à questionner leur vie et leur mission dans et hors de l’Eglise.

Idéalement, une année pleine d’initiatives est ainsi donnée à tous ces hommes et femmes qui, hier comme aujourd’hui, se décident de prendre l’Evangile à la lettre, de le vivre dans sa simplicité et sa radicalité, comme suite du Christ chaste, pauvre et obéissant.

Pour les Eglises d’Afrique, d’où nous parlons, cette année s’offre doublement comme une chance. D’une part, prise au sérieux, elle peut être une occasion pour penser le « renouveau » du renouveau de la vie consacrée en Afrique ; étant donné que le premier renouveau envisagé par le Concile Vatican II (Perfectae caritatis) ne concernait que des consacrés majoritairement non-africains. D’autre part, vu la croissance des vocations à la vie consacrée dans les Eglises d’Afrique, qui n’a pas d’égal au monde, il sied de penser cette année comme celle de la responsabilité des consacrés africains. Elle pourrait être un temps où ils se regarderaient en face, en toute liberté, pour se demander d’où ils viennent, où ils vont et en quoi ils sont utiles aux Eglises et aux sociétés africaines.

A voir les nombreux problèmes qui acculent les consacrés africains, - surtout la question de leur identité et leur fonction dans l’Eglise, dans leurs propres Instituts ainsi que dans les espaces publics africains - il y a lieu de penser qu’un immense chantier de créativité, d’imagination et de mise en question est à leur disposition en cette année. Pour ne pas épuiser les énergies à répéter les discours déjà entendus, il est nécessaire que durant cette année, ils procèdent méthodiquement. De cette façon, ils pourront éviter les erreurs du passé qui ont conduit à leur situation actuelle marquée par l’incertitude et l’inconfort. Dans cette perspective, il est bon qu’ils y aillent par étapes en vue d’organiser autrement la vie consacrée dans leurs Eglises, au service des peuples d’Afrique, en s’inspirant de l’Evangile, lequel doit être tenu par tous les Instituts comme la règle suprême [1].

1. Pour une année fructueuse de la vie consacrée : Etapes à suivre

La convocation de l’année de la vie consacrée est une initiative du pape François. A sa suite, la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et sociétés de vie apostolique a publié une lettre circulaire : « Réjouissez-vous » (2/2/2014), destinée aux consacrés. Dans la même lancée, le père Mario Mula, vicaire général des Missionnaires xavériens, a adressé une lettre à tous les membres de la congrégation (09/06/2014). Dans celle-ci, il invite tous les Xavériens à considérer l’année de la vie consacrée comme une opportunité en vue d’approfondir les indications du XVIe Chapitre général, insistant sur un « nouveau départ » vers la première annonce de l’Evangile aux non-chrétiens. Comme source d’approfondissement et d’inspiration, p. Mula recommande la lecture de la lettre du Dicastère romain en charge de consacrés. Il annonce aussi une série d’initiatives comme le partage des expériences de la vie consacrée. Ces expériences seront ensuite publiées dans la revue iSaveriani en six numéros, selon un chronogramme déjà établi.

Le 01/09/2014, la Direction générale des Missionnaires xavériens a aussi emboîté les pas au Dicastère romain en adressant une lettre à toute la congrégation[2]. Dans celle-ci, les supérieurs demandent à chaque Xavérien et à toutes les communautés xavériennes de trouver la voie et le meilleur moyen pour vivre cette année spéciale. Pour ce faire, la lettre contient huit indications pouvant aider les Xavériens tant au niveau individuel que communautaire. Etant une seule famille, les orientations de la dite lettre visent à indiquer un horizon en vue d’un engagement commun. En s’inspirant des documents du récent Chapitre général et de la nouvelle Ratio formationis xaveriana, la Direction générale formule le vœu de voir l’année de la vie consacrée : « arriver à stimuler en tous les Xavériens la force, la volonté d’être des missionnaires bien préparés, capables d’interpréter les signes des temps et les exigences de la mission, être de bons guides de consciences pour ceux qui cherchent Jésus Christ et son Evangile ».

Qu’il s’agisse du pape François, du Dicastère romain ou des lettres du père Vicaire général et de la Direction générale des Missionnaires xavériens, il convient de reconnaître que toutes ces belles initiatives viennent d’en haut. Tout en les saluant et en remerciant particulièrement le pape François qui, malgré son âge avancé, est en train de se montrer plus en avance, par rapport à tous, dans la capacité d’enthousiasme et dans la force du rajeunissement intérieur grâce à la foi, il est à noter que la prise en compte, de façon particulière cette année, de la vie et la mission des consacrés est un exercice sur commande, allant de haut en bas. Si cette démarche  se poursuivait, l’année de la vie consacrée ne produirait que peu et beaucoup peu de fruits.

Dans les Eglises d’Afrique, il faudrait éviter de tomber dans les pièges du passé. En effet, on se souviendra de la grande mobilisation qu’il eut autour du processus de l’inculturation. Puis ce fut le tour du premier Synode des évêques sur l’Afrique (1994) avec Ecclesia in Africa ; et récemment le second Synode (2009) qui a vu la publication d’Africae Munus. Le bilan de toutes ces initiatives qui ont nécessité tant d’efforts est, nous semble-t-il, mitigé. Parmi les raisons majeures évoquées de leur insignifiance, il y a la procédure dans la convocation, la préparation et la célébration de ces événements. Tout partait de la tête, des autorités, des experts…La base n’était consultée que comme un terrain d’enquêtes, d’expérimentation et de vérification de la véracité des décisions prises au sommet. La conséquence est qu’aujourd’hui les documents publiés et les initiatives entreprises sont restés inconnus du grand public africain.

 A l’ère de la reforme, pour inverser cette tendance, il faudrait penser, pour les initiatives ecclésiales, à un processus allant de bas en haut, c’est-à-dire la prise en compte des problèmes et urgences des peuples selon que ces derniers demandent à leurs pasteurs aux sommets d’en faire objet de discernement et de les aider à trouver des orientations. Ici, une place de choix devrait être accordée aux gens simples impliqués dans des expériences de terrain pour raconter les préoccupations, les urgences des gens à la base. Les spécialistes et les experts ne seraient convoqués que secondairement.

Le rôle des autorités au sommet devrait être maintenu. A elles, revient la tâche de guider, d’encourager, de corriger et surtout d’affermir leurs frères et sœurs. Pour une collaboration fructueuse entre le sommet et la base, il faudrait penser l’Eglise et ses différentes institutions comme des espaces de discernement communautaire, de recherche commune de la volonté de Dieu, dans une dynamique de communion sans discrimination. Dans ces espaces, une place de marque devrait être accordée aux sans voix, aux gens sans grandes considérations et non plus aux perpétuels experts qui ont l’habitude de se poser des questions et d’y répondre eux-mêmes.

Sur ce, dans la perspective d’une année de la vie consacrée vraiment novatrice, il faudrait que les consacrés africains prennent de l’avance. Qu’ils deviennent créatifs et intuitifs afin d’être les premiers à dire leurs problèmes, leurs joies et leurs incertitudes ; bien sûr sous le guide désintéressé de leurs autorités légitimes. Dans ce souci d’une action conjuguée qui va de bas en haut, la première étape devra donc être celle de la prise de conscience de la part des consacrés africains que l’année de la vie consacrée ne sera utile que si elle cesse d’apparaître comme un projet des autres pour et sur eux. Ils sont invités à se découvrir comme des acteurs de premier plan dans ce qui sera dit et fait, car il y a des problèmes et des préoccupations qui les acculent que personne autre ne peut raconter à leur place.

Ils doivent se convaincre qu’aucune solution venant de l’extérieur ne sera à la hauteur des défis à relever. Tout en étant disposés à écouter des préposés experts et se laisser aider, les consacrés africains sont les seuls habilités à trouver des solutions à leurs problèmes. Pour toute fin utile, un courage et un sens élevé de responsabilité s’imposent pour éviter de se contenter des avis des autres et des solutions toutes faites qui ne résolvent rien tellement elles ne collent pas à la chair des réalités ecclésiales, sociales et politiques africaines.

Dans cette première étape caractérisée par une prise de conscience, un autre rappel s’impose. Au fait, à l’exception de grandes congrégations ou grands Instituts religieux comme les jésuites, les dominicains et les grands ordres monastiques qui ont une grande tradition de discussion et de partage et discernement communautaire, très peu de membres africains des congrégations masculines et féminines qui ont vu le jour au 19e siècle finissant, ont déjà eu l’occasion de se rencontrer entre eux seuls pour s’interroger ; un peu comme le firent les prêtres noirs en 1956 (Cf. L’ouvrage collectif : Des prêtres noirs s’interrogent, Paris, Présence africaine, 1956). Cette année pourrait être une occasion pour une telle rencontre, l’objectif étant d’avoir simplement un cadre d’échange, de discussion sans intermédiaire entre les consacrés africains au niveau de chaque congrégation, selon les modalités à fixer.

Après cette prise de conscience accompagnée d’un sens élevé d’auto-responsabilité, la deuxième étape consistera dans la récollette des matériaux disponibles en vue de l’approfondissement et de l’animation des rencontres autour de la vie consacrée, telle qu’elle est vécue et expérimentée en terres africaines. Ces différents matériaux seraient ceux produits prioritairement dans les Eglises d’Afrique. Certes, à l’heure de la communication interculturelle, il s’avère de plus en plus appauvrissant de ne se limiter qu’à son propre terroir, avertit l’abbé Léonard Santedi[3]. Ainsi, pour ne pas s’enfermer dans leur seul terroir africain, il faudra que les consacrés africains s’informent sur ce qui a été dit et fait à ailleurs dans une optique d’enrichissement mutuel, de confrontation critique et d’ouverture.

Dans cette récolte des données, les biographies et les récits de vie des saints consacrés africains prendront la première place. En effet, les saints sont la preuve qu’une vie vraiment évangélique est possible. Ils sont les plus importants commentaires de l’Evangile et son actualisation dans le quotidien. Ils représentent, selon les mots de H. U. V. Balthasar, une voie royale d’accès à Jésus. Les figures comme la jeune religieuse congolaise Marie-Clémentine Anuarite assassinée en 1964, Mzee Christophe Munzihirwa, Engelbert Mveng, Matungulu Otene…ne sont là que pour nous dire cette vérité. C’est pour cela que leurs vies devraient être tenues comme premiers matériaux dont on se servirait en cette année.

Ensuite, dans cette phase, les écrits à propos de la vie consacrée en Afrique devraient être répertoriés, lus, étudiés et discutés. A ce propos, la base de données est très riche. Pour ne citer que quelques noms : MATUNGULU OTENE, Célibat consacré pour une Afrique assoiffée de fécondité, Lubumbashi, Ed. Saint Paul, 1979 ; ID., Etre avec le Christ chaste, pauvre, obéissantEssai d’une spiritualité bantu des vœux,  Kinshasa, Ed. Saint Paul, 1983 ; ID., Pour Inculturer accueil et pauvreté en Afrique, Kinshasa, Ed. Saint Paul, 1988 ; KABASELE LUMBALA F., Alliances avec le Christ en Afrique. Inculturation des rites religieux au Zaïre, Athènes, Ed. Historiques SD. Basilopoulos, 1987…

Ici on ne se contenterait pas de choisir seulement les écrivains africains plus orthodoxes. Il faudrait aussi écouter les voix discordantes comme : HEBGA M., Emancipation d’Eglises sous tutelle. Essai sur l’ère post-missionnaire, Paris, Présence africaine, 1967 ;  MVENG E., L’Afrique dans l’Eglise. Paroles d’un croyant, Paris, L’harmattan, 1981; EBOUSSI BOULAGA F., A Contretemps. L’enjeu de Dieu en Afrique, Paris, Karthala, 1991, (Lire surtout le premier chapitre) ; MESSI METOGO E., Dieu peut-il mourir en Afrique ? Essai sur l’indifférence religieuse et l’incroyance en Afrique noire, Paris/Yaoundé, Karthala-UCAC, 1997...

Dans certaines Eglises d’Afrique, les évêques ont eu parfois à se prononcer sur la vie consacrée. Cette année pourrait servir de cadre pour réécouter les successeurs africains des Apôtres. Parfois, leurs textes sont d’une richesse incroyable, mais méconnue. Pour les consacrés œuvrant en RDC, par exemple, un texte des évêques qui a fait date mais dont l’actualité reste incontestée est : La vie consacrée dans l’Eglise particulière du Zaïre. Instructions et directives de l’Episcopat, Kinshasa, Ed. du Secrétariat Général des évêques, 1986. On se référerait aussi avec profit aux Œuvres complètes du cardinal Malula, surtout le volume portant sur la vie consacrée.

Après l’établissement de cette base de données, la troisième étape consisterait à identifier les acteurs, les animateurs et les intervenants. Ils devraient être prioritairement des gens dotés d’une grande expérience dans la vie consacrée, des témoins capables d’écouter et de stimuler les autres pour donner librement leurs avis. Au moment de l’identification des acteurs, les femmes consacrées auraient droit à plus de représentativité, simplement car elles sont de loin les plus nombreuses. Les jeunes en formation trouveraient aussi leur place, dans la mesure où cette année n’est pas à concevoir comme un temps d’enseignement, mais bien plus comme un temps de partage. Et on sait que les jeunes en formation portent avec eux des questions, des perplexités et des intuitions qu’ils sont les seuls habilités à dire.

Les consacrés ne sont ni une génération spontanée ni de gens qui vivent en ghetto. Ils viennent des familles et ils ont des gens qui les côtoient. Cette année pourrait être une occasion où leurs familiers leur diraient ce qu’ils pensent et attendent d’eux. Des laïcs devraient être impliqués et sollicités pour aider les consacrés à comprendre ce que le monde veut d’eux aujourd’hui. A ce stade, il n’est pas souhaitable qu’on choisisse seulement les plus dévots. Ils n’aideraient pas assez. Il serait bon de donner la parole aux laïcs qui n’ont rien à perdre en disant aux consacrés les quatre vérités.

2. De l’organisation thématique

En cette année pour la vie consacrée, l’organisation ne peut qu’être en harmonie avec ce qui caractérise la vie consacrée, c’est-à-dire la simplicité. Voilà pourquoi, nous verrons d’un bon œil, une organisation moins lourde, centrée sur des thèmes précis ayant trait avec le vécu concret des consacrés africains et les défis auxquels ils font face. C’est donc dans une perspective contextuelle qu’il faudrait envisager l’organisation des activités en ce temps de grâce.

Que ça soit en Afrique ou ailleurs, la vie consacrée dispose des caractéristiques constantes auxquelles on ne peut se dérober. Et ces caractéristiques sont : les trois vœux religieux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance vécus comme suite du Christ. Nous avons déjà ici un premier thème. Il évitera d’être générique. Les questions auxquelles les consacrés africains pourraient répondre, seraient celles de ce genre :

a) Le vœu de chasteté : Que signifie être chaste dans un continent assoiffé de fécondité (Matungulu Otene) ; dans des pays où on semble tourner en rond ; où l’avenir est assombri  et où la mort semble avoir un avenir prospère (J.-M. Ela) ; dans des aires culturelles trop patriarcales (penser au rôle de nombreuses femmes consacrées) ; dans des contextes où abondent de tabous sexuels…?

b) Le vœu de pauvreté : A quoi sert le vœu de pauvreté dans un contexte où beaucoup de gens vivent une pauvreté imposée et non choisie (lien entre le choix libre du vœu de pauvreté et la situation de précarité d’où viennent les consacrés africains) ? De quoi vivent concrètement les consacrés africains (origine des fonds, leur répartition et leur usage)? Le travail de chaque consacré africain, lui procure-t-il son pain quotidien ? En quoi le vœu de pauvreté est un antidote au cercle vicieux de la précarité matérielle et économique des lieux où vivent les consacrés? Quel rapport entre le vœu de pauvreté et la famille des consacré? Pourquoi très peu de gens de nos Eglises et Etats croient au fait que les consacrés africains sont vraiment pauvres ? Quel est le rôle et la place  des consacrés africains dans les Eglises riches de l’Occident… ?

c) Le vœu d’obéissance : Que signifie faire vœu d’obéissance alors qu’on vient des Etats dépendants? Que signifie obéir librement dans un contexte très hiérarchisé (rapport entre liberté du sujet, pression sociale et rôle très affirmé de l’autorité) ? La liberté est-il un concept positif dans la présentation du vœu d’obéissance ? Quels sont les abus actuels du pouvoir religieux ? Quelles sont les formes et les figures d’une mauvaise compréhension de l’obéissance religieuse… ? 

Et Jésus-Christ et son Evangile dans tout cela ? Toutes les réponses à ces questions devraient être triplement fidèles : à l’agir du Christ conformément à ce que l’Evangile enseigne, au vécu actuel des consacrés africains et au charisme de chaque Institut, selon qu’il a été interprété au fil des années. Toute réponse qui ne puiserait pas à ces trois « sources » serait simplement tenue comme une leçon morale ou un simple enseignement religieux, à prendre ou à laisser.

Les consacrés africains adhèrent à divers Instituts dont les charismes diffèrent. Il est souhaitable que cette année soit celle de la clarification. Que les consacrés africains se disent eux-mêmes : qui est qui et qui fait quoi ? Une réponse à ces questions conduirait à l’adoption des stratégies communes pour l’accueil et la formation de nouveaux candidats. C’est dire que la question de la formation initiale devrait être un chapitre important à étudier pendant cette année. Qui recrute-t-on et pourquoi ? Répondre à cette question aiderait à résoudre le phénomène du « nomadisme vocationnel » qui caractérise certains candidats à la vie consacrée des Eglises d’Afrique.

Qui dit formation de base, dit aussi formation continue. S’agissant de la formation intellectuelle, à tord ou à raison, il se dit que les consacrés africains affectionnent les grands diplômes. Il est bon d’encourager le souci d’une formation intellectuelle soutenue chez tout consacré. C’est entre autres par une formation qualifiée que les consacrés africains seront à la hauteur des enjeux de l’heure. Sur ce, la question des études de consacrés africains figurerait parmi les priorités à examiner; surtout dans le sens d’encourager la recherche et une saine curiosité intellectuelle. Ici la formation intellectuelle des religieuses africaines mériterait une grande attention.

Croire en la Providence divine n’exclut pas de planifier et d’investir pour l’avenir. Par exemple, rares sont des consacrés africains qui disposent d’une « assurance maladie». Si dans certaines congrégations, certains bénéficient encore de la manne européenne, il faut noter qu’elle ne cesse de diminuer. « L’assurance vie » (question de santé et de pension) ne manquerait donc pas parmi les points à traiter en cette année pour éviter que les consacrés africains deviennent demain un poids pour leurs familiers car les congrégations et les Eglises qu’ils ont servies ne seront pas à mesure de les prendre en charge à l’âge de la vieillesse.

L’organigramme indiqué ci-haut n’est qu’à titre indicatif. Il peut et doit être étoffé par d’autres propositions.

3. Et pour les Missionnaires xavériens ?

1. Comme pour tous les autres Instituts religieux, les Missionnaires xavériens ne devraient pas tout attendre d’en haut. Il va falloir que la base se mobilise en ayant soin de faire interagir un plus grand nombre. Chaque circonscription fait face à des défis qui ne peuvent être transposables ailleurs. Il faudra donc éviter de tout « généraliser ». Cela dit,  la lettre de la Direction générale comporte suffisamment de belles indications qui peuvent aider à tirer profit de cette année. Par ailleurs, en cette année, il faudrait produire moins de textes et se pencher plus aux rencontres et aux décisions concrètes.

2. La région de la RDC a conçu un plan de formation pour cette année communautaire dont le schéma pourrait aider en cette année de la vie consacrée : envisager des rencontres par tranche d’âge de profession. L’internationalisation toujours croissante de la congrégation exigerait qu’on pense à des rencontres par nationalité étant donné que chaque pays de provenance des xavériens a des préoccupations qui lui sont propres. Contrairement à la pratique actuelle[4] de la revue MissioneOggi (cf.n°8(10/2012)  et n°10(12/2012)), les publications, au moins le minimum possible, répondraient aussi à la configuration internationale actuelle de la congrégation.

3. Des initiatives et décisions qui n’ont aucun suivi ne servent à rien. Il est bon qu’à la fin de cette année, un comité de suivi soit constitué, au niveau de chaque circonscription, pour vérifier l’application des mesures prises et s’assurer des changements entrepris. Si tel ne serait pas le cas, on se contenterait de beaux discours et de grands textes, mais sans pouvoir changer un seul trait  ni du style de vie et ni de la manière xavérienne de faire mission.



[1] « Décret sur la vie religieuse. Adaptation et rénovation », « Perfetae caritatis », n°2§1, dans CONCILE VATICAN II,  Les seize documents conciliairesTexte intégral, 2e édition revue et corrigée, Paris/ Montréal,  Fides, 1967.

[2] Cf. iSaveriani, n°83(09/2014).

[3]SANTEDI KINKUPU L., « Quelques déplacements récents dans la pratique des théologies contextuelles : l’inculturation comme orthopraxis chrétienne et inventivité », in RTL, vol.34, n° 2, (2003), p. 165. 

[4] Pour parler de la Nouvelle évangélisation en Afrique et de la réception du Concile Vatican II en Afrique, la revue a sollicité l’avis des Xavériens non africains qui ont certes produit des textes d’une grande estime. Mais on peut se demander si les Xavériens africains ne seraient pas plus appropriés  pour un tel exercice.